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Du défi d’un pilotage institutionnel adéquat du pole-emploi et entreprenariat pour les jeunes et les femmes-P-EEJT

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Dans le cadre de la formulation « d’une stratégie cohérente de territorialisation des politiques et de mutualisation des instruments de promotion de l’emploi, de l’entreprenariat et d’insertion des jeunes », le Président de la République a décidé, « par souci d’équité territoriale et de simplification des procédures, d’installer un guichet unique dans chacun de nos 45 Départements. (…) Dénommé Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes, il servira de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets. La DER/FJ, l’ANPEJ, l’ADPME et le FONGIP entre autres, seront représentés dans chaque guichet unique afin d’apporter aux projets l’expertise, le financement et le suivi nécessaires.
Le Président de la République a aussi précisé que « ces instruments seront renforcées en ressources, de même que dans leur gouvernance et leur processus décisionnel » Sous cette optique, il serait à notre humble avis d’appliquer au guichet unique des Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes une règle de fonctionnement inspirée du management des finances publiques, la séparation étanche de l’étape d’instruction et de validation des projets soumis au financement d’avec celle de son enrôlement pour décaissement des ressources affectées à leur mise en œuvre.
Faire de ces P-EEJF le seul réceptacle qui apportera aux projets « l’expertise, le financement et le suivi nécessaires », c’est reproduire au niveau départemental les mêmes goulots d’étranglement causes de l’inefficacité d’une stratégie dont les intentions de départ sont pertinentes et dignes d’intérêt mais que les dérives et certains disfonctionnements finissent par rendre inopérante, parce qu’ouvrant la voie à toutes formes d’abus et de détournements d’objectifs.
Pour s’en convaincre, il suffit juste de faire une enquête d’opinion, en dehors de statistiques officielles, pour avoir une idée du nombre de bénéficiaires réels de financements par les structures dédiées dans certains coins du Sénégal, malgré l’importance des sommes décaissées et la pluralité des secteurs impactés, selon les données disponibles en ligne.
D’ailleurs les derniers événements tragiques qui ont secoué le pays sont la plus sure preuve de l’échec ou de l’inefficacité des politiques initiées en faveur de cette frange majoritaire de notre pays.
Je dis qu’il conviendrait donc de changer de démarche, pour garantir l’effectivité des financements décaissés et en même temps avoir une idée claire du nombre de projets correspondants, dans le cadre de la mise en place de ces Pôles-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes.
Pour ce, la meilleure méthode serait de mettre en place un Comité technique d’évaluation et de sélection des projets déposés par les intéressés. Dans ce Comité co-présidé par le Représentant de l’Etat et le Président du Conseil départemental, figureront comme membres les maires des communes du département et les services techniques déconcentrés intéressés par le processus. En sera membre également un représentant du Guichet unique P-EEJF. Le rapporteur de cette Commission pourrait être le directeur de l’ARD.
Une fois la liste de projets validés et le montant pour leur financement arrêté, ces projets seront transmis au P-EEJF pour leur enrôlement.
Et, selon la nature du projet, l’activité prévue et le montant sollicité, le guichet unique P-EEJF déterminera en interne entre la DER, le FONGIP, L’ADPME, l’ANPEJ ou une quelconque autre structure dédiée au financement, laquelle est la mieux indiquée pour procéder à sa prise en charge.
Après cela, le bénéficiaire recevra notification de la disponibilité de son financement, et le Comité technique sera ampliataire de cette notification.
C’est en ce moment seulement alors que le Comité de suivi de la mise en œuvre des projets financés déclenchera le mécanisme de suivi sur le terrain des projets retenus.
Pour ce Comité-ci effectivement, le rapporteur sera le guichet unique du P-EEJF, car ce sera à lui que reviendra la responsabilité de déclencher la procédure des trois P (police-procureur-prison) une fois que la cote d’alerte sera en passe d’être atteinte, concernant le remboursement des crédits octroyés. Dans ce Comité sous les présidences du représentant de l’Etat (Préfets ou Sous-Préfets) et du Maire de la commune dans laquelle se déroule le projet, siègeront aussi tous les services impliqués dans cette activité (CADL et autres si dans les Sous-préfectures).
En séparant le processus de sélection des projets ainsi que leur validation d’avec le processus de leur financement, l’Etat pourra avoir deux sources d’informations fiables portant sur le même sujet, et donc une plus grande traçabilité des montant décaissés en les mettant en corrélation avec le nombre effectif de projets financés.
Laisser toute la procédure entre les mains exclusives du guichet unique du Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes reviendrait à prendre le risque de reproduire les mêmes dysfonctionnements notés ailleurs, et cela pourrait réduire considérablement ou annihiler les performances obligatoires que l’Etat est en droit d’attendre de cette initiative, au vu de la surpriorisation de cette problématique à enjeux multiples.
A chaque fois que c’est le cas en effet, les tentations sont grandes de perpétrer des abus, pour des raisons personnelles ou même politiques. Des personnes indélicates à des postes de responsabilités pourraient ainsi inciter des proches à déposer des dossiers de projet pour les financer en violation des dispositions réglementaires. De hauts responsables politiques pourraient, en fonction de leurs positions dans l’appareil d’Etat, intervenir pour obtenir des financements indus pour leurs militants ou parents ou même leur en faire bénéficier sans qu’ils déposent un dossier en bonne et due forme, ou, pire, pour freiner des initiatives à haute portée économique impulsées par des adversaires politiques bossant avec des groupements de promotion féminine dont ils craindraient l’influence, ou la capacité de mobilisation.
Dès lors, les dispositions requises en matière de bonne gestion devraient être prises, et ce procédé de la séparation de l’étape de l’instruction du dossier d’avec celle de son enrôlement pourrait contribuer à l’atteinte du résultat visé.
Pour conclure, rappelons que les récentes émeutes vécues par le Sénégal ont toutes été qualifiées d’émeutes de la faim. Toutes les chaines de magasins ciblées et pillées ont été attaquées par une population exsangue qui cherchait de quoi manger simplement.
Le Président de la République devrait en plus de ce mécanisme du P-EEJF destiné à donner de l’emploi aux jeunes et aux femmes à travers le pays, penser à réduire davantage le cout de la vie. Une des causes de la pauvreté grandissante est la cherté de la vie en effet, et les trois quarts des revenus des familles servent à financer les besoins vitaux.
A ce rythme, quelque soit l’importance des sommes faramineuses injectés pour booster l’emploi, cette contrainte structurelle sera comme un frein à l’impulsion d’une croissance réelle tirée par la consommation des ménages ou les PME. Les projets des jeunes qui seront financés par ces pôles uniques, n’en parlons pas alors.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE. R

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