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Le Rwanda champion (par Ndongo Ndiaye, candidat à la présidentielle de 2024)

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Qui aurait pu croire que le Rwanda parviendrait à se hisser sur le toit sportif de l’Afrique ? Comment ce pays, peu peuplé et au palmarès sportif pour le moins modeste, peut-il damer le pion aux géants d’Afrique ?
C’est un état de fait qui s’impose à tout amoureux du sport ; le Rwanda a massivement misé sur l’exposition offerte par les manifestations sportives pour dérouler un puissant programme de marketing territorial. A Dakar Aréna, au milieu de la nouvelle ville de Diamniadio, à quelques encablures de l’aéroport international Blaise Diagne, les sénégalais et les téléspectateurs du monde entier contemplent les logos de « VISIT RWANDA » et de « Rwandair ». Cette invite déclinée sur de multiples supports ne manque pas de susciter curiosité et intérêt pour le pays des mille collines.
La visite du Président Paul Kagamé et sa présence dans les gradins se pose en point d’orgue d’une stratégie qui semble susurrer à l’oreille des autres nations du continent : « à vous les trophées, à moi la notoriété ! »
Et pourtant, accueillir la Basketball Africa League était une opportunité unique pour notre pays. Nous aurions pu capitaliser de diverses manières sur cette exposition en mondovision relayée par plus de 200 chaînes de télévision. Au lieu de cela aucune entreprise sénégalaise, publique ou privée n’a jugé utile ou pertinent d’associer son image à l’événement.
Il est urgent et vital pour la pérennité de notre projet sportif national qu’un pays comme le nôtre, le Sénégal, qui justifie d’un palmarès respectable dans les disciplines populaires, apprenne à capitaliser sur ses victoires sportives. J’ose espérer que le modèle du Président Paul Kagamé en la matière servira de source d’inspiration à nos autorités.
Plus généralement, nous africains, devons inverser les termes des échanges sportifs dans le monde. Nous subissons exactement en sport aujourd’hui, ce que l’occident nous a fait subir durant sa période d’industrialisation. Nous étions, à l’époque, pourvoyeurs de matière première et importateurs de produits finis, contribuant ainsi à rendre structurel notre sous-développement économique. Aujourd’hui, l’Afrique et sa Diaspora fournissent de la ressource humaine aux différents grands championnats du monde tout en se contentant de 2% des quelques 2000 milliards de dollars qui constituent le chiffre d’affaires de l’industrie sportive mondiale.

Les images des performances de nos sportifs nous sont vendues dans des bouquets TV à des prix exorbitants, en sus d’une offensive culturelle dangereuse, portée par la publicité et les contenus étrangers à nos croyances et à nos modèles.
Il est urgent que nous comprenions les enjeux d’une industrie sportive dans laquelle nous devrions avoir toute la légitimité pour nous imposer comme de véritables acteurs maitrisant leurs apports et maximisant leurs retombées. En comprenant que le sport est beaucoup plus qu’un jeu, l’Afrique doit investir sur les infrastructures sportives, sur son industrie de communication et demander avec dignité à organiser les grands rendez-vous mondiaux de sport.
En attendant, inspirons-nous du Champion Paul Kagamé qui ne gagne pas de coupe mais qui célèbre ses victoires.
Ndongo NDIAYE

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