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Moustapha Kamal Thiam, Apr/Derklé : «Un dialogue au sein du parti est une exigence»

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Responsable politique de l’Alliance pour la République (Apr) dans la commune de Dieuppeul-Derklé, Moustapha Kamal Thiam est un militant de la première heure du parti au pouvoir. Il a débuté son militantisme à Genève, en Suisse, où il a contribué à l’installation de l’Apr. De retour au pays depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il a participé à toutes les batailles électorales de son parti. M. Thiam fait ici l’analyse de la situation du pays au regard des enjeux comme le dialogue politique, le troisième mandat et même son relatif retrait de l’Apr.

Y’aurait-il intérêt à dialoguer en ce moment, à quelques mois de l’élection présidentielle de février 2024 ?
Ne dit-on pas que toutes les guerres, aussi grandes qu’elles soient, se terminent toujours autour d’une table.
Le dialogue est incontournable pour un pays comme le Sénégal, avec un niveau de démocratie et de maturité politique des Sénégalais bien apprécié dans la sous-région comme à l’international. Par conséquent, dialoguer, sur des questions fondamentales du pays, consolide les acquis démocratiques et se fera nécessairement, au début ou à la fin. Mieux vaut maintenant qu’après avoir constaté des dégâts éventuels.
Par ailleurs, il faut noter que le dialogue permet aux différents responsables politiques de ne pas laisser le pouvoir dans la rue. La rue étant en proie à toutes les convoitises occultes, avec tous les risques éventuels. Nous avons vu et compris que les manifestations de ces derniers temps, au regard des conséquences désastreuses sur l’économie nationale et la tranquillité des citoyens, sont tout sauf politiques.

A votre avis, ce dialogue peut-il aider à améliorer la situation du pays, quand on sait qu’une frange importante de l’opposition politique n’y participe pas ?
A mon intime conviction, comme j’ai dit tantôt, le dialogue est non seulement incontournable, mais me semble être la meilleure voie pour l’apaisement. A l’occasion, nous félicitons le Président Macky Sall pour avoir accepté, avec beaucoup de courage et de sérénité, de s’ouvrir à un dialogue avec toutes les franges de la population.
Bien entendu, il n’est pas dit que les acteurs d’un dialogue quel qu’il soit, seront forcément d’accord sur tous les points inscrits dans les termes de référence, mais tout au moins c’est une excellente vitrine, en leur faveur, pour prouver aux Sénégalais épris de justice et de paix, qu’ils ont la capacité de réaliser ce Sénégal dont nous rêvons tous. Par conséquent, ne pas y
participer, c’est véritablement se tirer une balle dans le pied. Les Sénégalais prendront bonne note et sauront que ces dits responsables politiques, particulièrement, n’ont pas encore atteint la maturité requise pour nous diriger. L’histoire nous en dira plus.

Le Président Macky Sall ne s’est pas encore prononcé officiellement sur sa participation ou non à la Présidentielle de 2024, mais beaucoup parmi vos camarades de l’Apr le poussent à y aller. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Il ne s’est pas encore prononcé. Donc, pour le moment, je n’ai aucun avis sur la question. Le moment venu, je donnerai mon point de vue en toute liberté, comme sur d’autres candidatures éventuelles non encore annoncées. En tout état de cause, chaque citoyen est libre de poser sa candidature. Par conséquent, je ne vois pas l’intérêt d’épiloguer sur une décision non encore prise. C’est véritablement défoncer une porte ouverte. Ce débat stérile est en train de perturber inutilement le fonctionnement du pays.
Quant aux camarades qui l’investissent comme candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar, ils sont dans leur droit le plus absolu. Je respecte leur choix. Toutefois, nous autres, nous avons aussi le droit d’attendre la décision personnelle de l’intéressé, le Président Macky Sall, pour nous prononcer. Mais quoiqu’il arrive, nous devons comprendre que la vraie bataille se fera sur le terrain pour se terminer dans les urnes.
Je ne comprends d’ailleurs pas comment on peut autant avoir la mémoire courte. Rappelez-vous de la posture républicaine du candidat Macky Sall lors de l’élection présidentielle de 2012. Certains candidats avaient préféré rester à la Place de l’indépendance, à Dakar, pour en faire un champ de bagarres inutiles et insensées, en voulant concentrer toute leur énergie à lutter contre un 3ème mandat du Président Abdoulaye Wade. Le candidat Macky Sall avait compris que le travail doit se faire sur le terrain. Il avait choisi de continuer son travail de terrain en faisant le tour du Sénégal jusqu’aux villages les plus reculés, et demander la confiance des citoyens sénégalais en échange d’un programme. Résultat des courses, il a été élu président de la République du Sénégal. Cette posture républicaine et les actes d’apaisement posés en son temps ont fortement contribué à sa réussite.
Rien que ça devrait servir de leçon à nos leaders politiques, si tant est qu’ils sont motivés par l’apaisement et pour un Sénégal meilleur. Tous ceux qui déambulent dans les rues de Dakar, passant de points de presse à manifestations, doivent se résoudre à comprendre qu’une grande partie des électeurs n’est ni à Dakar ni dans les réseaux sociaux. Ils les attendent avec impatience dans leurs zones de résidence respectives afin d’échanger sur des projets et programmes pour un Sénégal meilleur.

Le pays a vécu des moments de troubles graves ces derniers temps. Quelle serait, selon vous, la solution pour un apaisement définitif ?
Les tensions que le pays a vécues depuis mars 2021 sont inadmissibles et inexplicables. Pour rien au monde, on ne saurait le cautionner. Le Sénégal mérite mieux que ça. Au moment où on réclame plus d’emplois, certains détruisent délibérément des infrastructures et saccagent des supermarchés et stations-services. On critique le pouvoir sur l’insuffisance d’infrastructures, malgré tous ses efforts, avec tous les problèmes que nous rencontrons concernant la mobilité urbaine, certains ont fait le choix de bloquer le Ter, brûler des bus et détruire le Brt qui a déjà un bon niveau d’exécution physique. Comment comprendre que des étudiants, qui devraient réclamer plus de places et de confort d’études, se livrent à la destruction des moyens mis à leur disposition ?
Au moment où le Sénégalais lambda se débrouille pour tirer son épingle du jeu, dans un contexte économique mondial extrêmement difficile, des leaders politiques font le choix de bloquer l’économie du pays. Sur le plan social, ils ont fait le choix d’essayer d’installer en vain l’insécurité, la terreur, surtout dans ce contexte de pré-Tabaski. Une fête qui est censée être un moment de communion et de repentir. A mon avis, tout responsable politique qui aspire à diriger ce pays doit faire très attention sur les actes qu’il pose. L’effet de levier pourrait lui être fatal. On ne peut pas nous promettre de reconstruire ce pays après l’avoir détruit. Et les Sénégalais leur en tiendraient rigueur. Par conséquent, chacun doit songer d’abord à consolider les acquis, et partant, faire évoluer le pays dans le bon sens.

Sur le plan électoral, les résultats des dernières élections (locales et législatives) montrent que votre coalition a perdu du terrain. Comment devrait-elle aborder la prochaine échéance électorale, avec ou sans le président de votre coalition ?
Je ne dirais pas que nous avons perdu, et loin s’en faut. Je dirais plutôt que nous n’avons pas gagné certaines élections qui étaient à notre portée. Et cela, non pas à cause des manquements ou de la non-satisfaction des Sénégalais sur ce que le Président a fait durant son magistère. Les réalisations du Président Macky Sall sont élogieuses et éloquentes. Ce qui plombe le parti et la coalition, c’est essentiellement les frustrations, le mécontentement de certains camarades laissés en rade alors que rien n’est fait pour solutionner ce problème.
Le candidat Macky Sall disait que «sentou assaman diaroul boukheunte». Mais la réalité a démontré que tout le monde ne peut pas être ministre ou Dg. Il faudra inventer d’autres mécanismes qui permettront d’aider le Président Macky Sall à entretenir la fidélité et la loyauté des camarades et militants qui ont beaucoup œuvré à le porter à la magistrature suprême en 2012, puis en 2019.
A mon avis, les hautes autorités du parti devraient s’employer à mettre en place une commission chargée exclusivement de calmer les frustrations et de faire revenir les militants de la première heure. Je suis persuadé qu’ils ont encore la capacité de faire mieux que ce qu’ils ont réussi quand ils étaient dans l’opposition, de 2008 à 2012. Ils sont encore capables de porter au pouvoir le candidat de l’Apr ou de la Coalition Bby, quel qu’il soit. Ils apprécient tous le Président, sa politique et ses réalisations. A ce niveau également, un dialogue interne dans le parti est devenu une exigence si on veut reprendre du poil de la bête.

Vous êtes un responsable de premier plan du parti au pouvoir dans la commune de Dieuppeul-Derklé. Mais comme dans la plupart des communes de Dakar, vous n’êtes pas aux commandes. Quelles stratégies allez-vous mettre en place pour renverser les choses ?
Vous venez de toucher un point qui me fend le cœur. Comment pouvez-vous comprendre que depuis 2008, depuis Dekal ngor, des gens se battent pour asseoir le parti dans leur commune, d’autres comme moi, après avoir fait le nécessaire dans la diaspora, et avec l’aide des amis et sympathisants, que je salue ici, pour massifier le parti, pour que les Sénégalais de Suisse puissent voter pour la première fois en Suisse en 2012, soient mis sur le banc de touche en faveur d’autres personnes qui ont juste eu la chance d’être dotées de moyens nécessaires. Certes à chacun sa chance et son destin, mais ces derniers devraient avoir l’élégance de songer à fédérer tout le monde. Ils ont naïvement pensé qu’en écartant ceux qui ont fait le job le plus difficile, ils allaient s’en sortir facilement. Ce sont les citoyens qui vont sanctionner ce manque de loyauté. Toutefois, ceci est encore corrigible. Car le problème n’est pas de tomber, mais c’est plutôt de ne pas savoir se relever et à temps.
Là aussi, les autorités du parti devaient réagir. Les camarades ne sont pas contre le Président Macky Sall, ils veulent simplement une reconnaissance.
Source: Le quotidien

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