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CONTRIBUTION Le Mali, si loin et si proche de l’Ukraine et de la Russie ! Par Soro DIOP

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie, une guerre-éclair espérée par Poutine, qui commence à s’enliser, depuis bientôt deux semaines, dans les abysses aux pépites détonantes d’un film « Apocalypse now » de Francis Coppola, n’est pas aussi éloignée de la trame politico-militaire qui se noue au Mali. On se rend compte que, parfois, ce qui est valable en épistémologie, ne l’est forcément pas en politique, a fortiori dans le domaine militaire. En effet, ce qui se passe en Ukraine agressée par la Russie « poutinienne » et la nouvelle situation qui s’instaure et s’incruste au Mali, ne relève pas du hasard au sens où Bachelard le définit comme la rencontre de deux séries causales indépendantes.
Comment ne pas voir une relation de cause à effet, entre la sanglante attaque de Mondoro qui endeuille nos sœurs et frères du Mali, et la furie guerrière enclenchée par la Russie en territoire ukrainien ? Ses résonances, même diffuses, à Bamako, Gao, Kidal et Tombouctou ? Rien d’innocent. Rien d’un simple hasard. Cela se passe au moment où, après des informations concordantes faisant état de la présence du groupe des Wagner en Ukraine pour le compte de la Russie, de Poutine notamment. Sous ce rapport, le Mali est si loin mais si proche de l’Ukraine… et de la Russie !
Il n’y a jamais de contrat de confiance à géométrie invariable avec les mercenaires qui sont, militairement et politiquement, dans l’implacable loi de l’offre et de la demande. Qu’à peine arrivés au Mali, et qu’après des tensions créées en République centrafricaine (RCA), les Wagner, comme le révèlent certains médias, se retrouvent en Ukraine, quoi de surprenant au fond ?
Les faits sont têtus, même s’ils n’ont reçu le traitement à la hauteur et à la mesure des jeux et des enjeux souterrains, éclipsés quelque part par l’ambiance de regards et d’oreilles orientés vers les préparatifs politico-médiatiques d’un conflit ayant pour épicentre l’Ukraine et mettant en face les Etats-Unis, l’Otan, l’Union européenne d’une part, et la Russie d’autre part. Pourtant des signaux et des signes avaient déchiré le ciel centrafricain, avec les attaques médiatiques contre la MINUSCA et contre la France à travers l’affaire dite des quatre légionnaires et des humanitaires d’ONG qui ont été arrêtés puis relâchés. Avec en toile de fond, des tensions alimentées par les Wagner, avec comme projet et projection, l’éviction de l’ONU et de la France pour la mainmise sur un juteux business minier.
AVANT QUE LA PLAIE NE S’INFECTE…
Selon une information du journal américain TIMES, les mercenaires de Wagner auraient été envoyés en Ukraine afin d’assassiner le président ukrainien. Si l’information s’avère vraie -elle n’a pas été démentie du reste- cela en dit long sur l’utilisation de cette force paramilitaire par le Kremlin. Elle devrait aussi alerter les dirigeants et les peuples africains : Wagner peut protéger quelques temps mais pas tout le temps, car si Poutine change d’avis, les mercenaires n’hésiteront pas à le suivre.
Il convient alors, pour les consciences africaines qui ne sont point fragiles face aux facondes, aux bravades et aux cavalcades arrimées à des postures nationalistes, de faire une analyse déconnexée de toute peur des insultes et autres grossièretés numériques qui polluent les réseaux sociaux. Les vrais amis du Mali doivent s’autoriser l’audace de mettre le doigt sur la plaie avant qu’elle ne s’infecte jusqu’à la gangrène. Les nouvelles autorités militaires maliennes ne peuvent pas, en matière de revendication de la souveraineté, être dans une géométrie variable. En Ukraine, c’est aussi un combat pour la souveraineté du peuple qui s’y déroule contre les bombardements, les orages de feu russes qui pleuvent sur des millions de gens, la plupart des civils, réduits à prendre le chemin de l’exil forcé.
Au Mali, la vérité est que la junte militaire ne peut pas continuer, sous le parapluie précaire des Wagner, se mettre à dos tous ses partenaires africains, l’Union européenne et les Etats-Unis au moment même où son partenaire russe est au ban des nations. Il faut être lucide, ne pas porter des œillères nationalistes avec en grand renfort des slogans populistes. La réalité que nul esprit averti ne saurait occulter est que le nationalisme dont se prévaut la Junte malienne est donc très fragilisé, alors que Barkhane poursuit son retrait et que le front social et économique, au Mali comme ailleurs dans le monde, est à une ébullition de plus en plus inquiétante pour la stabilité des pays et des nations. Une « aubaine » pour des groupes terroristes qui vont multiplier leurs attaques au Mali alors que les Touaregs, à l’affût, se réarment de leur côté. Les attaques meurtrières contre le camp des Forces armées maliennes (FAMA) à Mondoro valent avertissement et vigilance.

Nous devons nous joindre au peuple malien pour déplorer et condamner vigoureusement les attaques meurtrières, innommables et insoutenables contre les vaillants soldats maliens tombés sur le champ de l’honneur et implorer le ciel pour que la paix et la stabilité reviennent dans ce pays qui en tant besoin.

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