Le président de l’Assemblée nationale s’est prononcé sur les émeutes au Sénégal lors l’assemblée générale des maires du Sénégal. Niasse parle d’une tentative de déstabiliser le pays par la rue. Voici l’intégralité de son discours.
J’ai le plaisir, au nom de Son Excellence Monsieur le Président Macky Sall, Président de la Coalition Bennoo Book Yaakaar et de la Majorité présidentielle, de présider ce rendez-vous de l’engagement, de la responsabilité et de la lucidité. Notre rassemblement se situe dans un contexte où la Pandémie de la Covid-19 a perturbé, à l’échelle mondiale, les schémas de développement, et a réduit la capacité des sociétés humaines à organiser des actions collectives et concertées, dans le champ économique, dans le champ social et dans le champ culturel. A travers la planète, les pays subissent la baisse des taux de croissance, voire la récession. Les chiffres d’affaires de nombre d’entreprises baissent de manière drastique, provoquant des pertes massives d’emplois. Par exemple, la majorité des compagnies aériennes connaissent des pertes de plus de 70 % de leurs chiffres d’affaires, conséquence de la réduction spectaculaire des déplacements humains entre villes et pays des cinq continents. Bref, devant l’inédit, qui bouscule toutes les certitudes et suscite des interrogations, le doute a gagné la Terre des Hommes. De surcroît, le terrorisme continue de frapper, de manière aveugle, en faisant planer la menace sur les démocraties, au moment où le monde entier subit les contrecoups du changement climatique et du réchauffement de la Planète. Voilà campés les contextes qui ont présidé aux émeutes du mois de mars dernier, qui ont mis en évidence une tentative manifeste de déstabiliser notre pays par la rue, en faisant fi du choix démocratique du peuple sénégalais. Nous nous inclinons devant la mémoire de toutes les victimes et nous compatissons à la douleur de leurs familles. Le Sénégal n’a pas besoin de violence pour assumer son destin, sur le chemin de sa marche historique vers le progrès. La Coalition de coalitions que nous avons créée et développée ensemble, avec le Président Macky Sall à sa tête, a opté, de manière irréversible, pour une forme de démocratie chevillée au peuple. A travers le monde, il existe encore aujourd’hui des types de démocratie sans le peuple. Notre choix de démocratie avec le peuple n’est pas une démocratie de la confrontation. C’est précisément une démocratie du dialogue et de l’éthique, dont les piliers fondateurs sont la générosité, la tolérance mutuelle, l’imagination créatrice, le partage et la concertation, l’unité dans la diversité. Se parler, se tolérer, marcher et regarder ensemble dans la même direction et vers les mêmes objectifs, pour gérer ensemble un pays, un Etat, une communauté nationale. Dès 1969, Jean Pierre Charbonneau a écrit, avec pertinence, ce qui suit : « La réflexion sur les nouvelles formes de démocratie passe par l’analyse critique de l’état de la participation citoyenne et du pouvoir citoyen, ainsi que par l’évaluation de la place réelle qu’y occupent les représentants du peuple, à qui les citoyens délèguent leur pouvoir de définition et d’organisation du bien commun ». Cet auteur aborde et examine ainsi l’étendue et les limites du pouvoir des représentants du peuple et évalue le caractère démocratique des différents modes de scrutin. Il conclut en reconnaissant qu’au regard des principes démocratiques, les systèmes politiques, les Institutions, les méthodes de participation citoyenne ne sont pas tous d’égale valeur et qu’il faut, toujours, beaucoup de courage et de volonté pour « sortir du paradigme toxique de la démocratie de confrontation et entrer dans l’ère de la démocratie du dialogue et de l’éthique ». Le choix du Président Macky Sall est clair et sans équivoque. Ce choix d’une démocratie du dialogue et de l’éthique est celui de la raison, de l’entente et de la coopération, pour un Sénégal de paix et de concorde. Nous concevons l’Etat comme une communauté normée et stratifiée, avec ses règles, son rituel solennel, sa respiration. Les Lois et règlements qui encadrent nos droits et nos obligations sont essentiels pour le consensus, le contrat qui lie les Sénégalais, contrat que nos Chefs religieux ont validé, en jouant admirablement leur rôle de régulateurs porté par nos valeurs en tant qu’Africains et Sénégalais. Il est vrai que nul destin collectif n’est linéaire et sans heurts. Une lecture objective de l’histoire du Sénégal indépendant, illustre ce constat général, si l’on prend, par exemple, comme repères, 1960, 1962, 1963, 1968, 1988, 1989, 1993, 1994 et 2012. Tous ces évènements survenus avant, pendant ou après des périodes de malentendus, ont été surmontés, Dieu merci, grâce au génie sénégalais qui se caractérise par l’élévation sur les hauteurs de la sagesse, par la concertation et par le dialogue positif. C’est grâce au génie sénégalais que dans le tumulte des compétitions et des intérêts de groupes porteurs de fractures, est préservée la permanence du lien essentiel mû par la volonté partagée de cheminer ensemble, vers le développement concerté, avec des objectifs, des projections, des mesures réalistes datés et chiffrés. Il faut rendre grâce à Dieu qui confère au peuple sénégalais cette capacité de créer, chaque fois que c’est nécessaire, les conditions les plus appropriées de sortie de crise, par un dialogue apaisé et inspiré par la vision prospective de ses dirigeants. Dans le cadre que voilà, il est utile de souligner avec force que dans l’action humaine, toute quête d’absolu en dehors de Notre Créateur, est vouée à l’échec. Aussi, le choix de l’ouverture, de l’humanisme et le rejet de l’intolérance, ne devraient pas faire percevoir « l’ennemi de l’absolu comme l’ennemi absolu », pour reprendre le mot du Prix Nobel de Littérature Octavio Paz. Oui, l’espoir est permis, avec la République et ses Institutions debout, Oui, l’espoir est permis, avec la Démocratie debout, Oui, l’espoir est permis, avec la lucidité du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur le Président Macky Sall qui, au milieu des soubresauts, a su capter les pulsions profondes du peuple, en prenant le taureau par les cornes, avec des mesures hardies, pour gérer les urgences et l’avenir incarné par tous ces jeunes qui sont nos enfants, nos petits-enfants, nos neveux et nos nièces. Nous les exhortons à cultiver, avec nous, le champ de l’effort, dans la solidarité et la complémentarité intergénérationnelles qui transparaissent admirablement dans la gestion stratégique de nos ressources minières, pétrolières et gazières.
Oui, l’espoir est permis. Vive le Sénégal éternel, dans la paix, dans la stabilité, porté par son rayonnement international !
Moustapha Niasse
