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Troisième mandat : le débat a été volontairement relancé

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Quand deux hauts responsables des domaines d’autorité du President de la République, à savoir le parti et l’Etat, parlent de la question du troisième mandat, il faut s’arrêter un instant pour analyser le fait. Le ministre Mbaye Ndiaye a succédé à l’ancien Premier ministre Mohamed Boun Abdallah Dionne sur les plateaux de télé pour dire presque la même chose sur cette question.
L’un, secrétaire général de la présidence coordonne les activités du Président Macky Sall, en sa qualité de chef de l’Etat, l’autre, directeur des structures de l’Apr, tient l’appareil du parti que dirige Macky Sall.

Il se sont succédés en moins d’une semaine d’une télévision à une autre sans que le holà n’ait été tiré de la première intervention pour que la deuxième soit plus conforme aux vœux jusque-là exprimés par le président de la République : travailler et éviter de parler de la question du troisième mandat.

Pourtant, on pouvait valablement s’attendre à une mise au point de la part du chef de l’État, surtout face au premier de ses exécuteurs pour le Fast Track, qui a osé dire qu’il ne se débinera pas en répondant à la «question qui gêne».

La vérité aujourd’hui est que ce débat a été relancé pour que sa banalisation s’impose très tôt. Il fallait le remettre sur la table après avoir effacé les traces d’une approche qui n’était pas la bonne. Une approche qui n’arrangeait pas le chef. Il ne fallait surtout pas dire qu’il ne peut pas, mais bien affirmer que l’éventualité est bien possible. C’est ainsi qu’il fallait poser le débat. C’est toute la différence d’approche entre ceux qui ont été sanctionnés et ceux qui semblent être encouragés. Ils parlent tous de la même question mais l’expriment différemment.

Le Président Macky Sall réduit tous les jours l’épaisseur de la porte de sortie. Il trouve le moyen de travailler à ne devoir compter que sur un trou de serrure qui risque de le compresser dangereusement tout en lui rendant la tâche difficile.

Aujourd’hui il s’expose à tous les risques et expose, par ricochet, notre pays. Le risque de ne plus travailler au service exclusif des populations est d’abord le risque qu’il fait courir à un pays qui doit faire face à plusieurs urgences. L’idée de vouloir arrêter les ambitieux de son camp lui coûtera énormément d’énergie. Ces proches collaborateurs ont aujourd’hui déserté les questions essentielles pour traquer des traîtres et des taupes. Le problème est que finalement ce sont des traîtres à une ambition démesurée, des traîtres qui semblent ne pas vouloir cautionner une éventuelle troisième candidature.
Le risque de faire tomber le pays dans un cycle de violences est réel. Sans parler du recul démocratique inacceptable que ce débat révèle.

En laissant prospérer un tel débat et en donnant l’impression de le cautionner, tant que le ton est « conforme », le Président Macky Sall agit comme un amateur politique. Ce qu’il n’a jamais été jusque là. Il doit savoir que ça ne passera pas. C’est évident que cela ne passera pas.

En tout état de cause, Macky Sall n’a pas le droit de souiller la mémoire de ces dizaines de compatriotes qui ont perdu la vie pour avoir défendu la démocratie. Il n’a pas le droit de faire moins que son prédécesseur après avoir suscité autant d’espoir. Il n’a même pas le droit de couvrir de honte ses soutiens qui se sont battus pour qu’il soit au pouvoir.

Il a le choix entre se ressaisir ou persister dans cette voie. Nous nous n’avons qu’un choix : celui de faire face, par tous les moyens, à toute forme de décision allant dans le sens d’un recul démocratique inacceptable.

Thierno Bocoum

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