Le défunt khalife général de Thiénaba, Baye Abdourahim Seck, rappelé à Dieu dans la nuit de lundi à mardi au Maroc, a été inhumé, jeudi, à Thiouti, un village située à deux kilomètres de Thiénaba, dans la région de Thies.
Après la prière mortuaire devant la grande mosquée de Thiénaba, en présence d’une foule immense, sa dépouille a été transportée jusqu’à Thiouti, une sorte de lieu de retraite spirituelle où le défunt résidait, enseignait le Coran et cultivait la terre jusqu’à sa désignation comme huitième khalife de Thienaba, le 26 juin 2020.
Il repose désormais à l’est de la mosquée de Thiouti, une petite bâtisse construite en 2017, et dont l’entrée fait face au domicile qu’il a érigé dans ce lieu fondé par son père Mor Talla Seck, et un temps resté à l’abandon, avant qu’il ne le réhabilite.
A l’origine, une case y avait été érigée pour servir de gîte de repos au milieu des champs légués par leur grand-pére Amary Ndack Seck, le patriarche (le fondateur) de Thiénaba.
A la place, trône aujourd’hui, une grande concession construite en dur, séparée en deux avec, d’un côté, quelques bâtiments, et de l’autre, une arrière-cour réservée aux chevaux.
A l’entrée de la maison, de vieux troncs d’arbres disposés en cercle font office de témoins du temps. ’’C’est là qu’on allumait le feu pour l’apprentissage du coran, alors qu’il n’y avait pas d’électricité, dit un neveu de défunt.
Tout comme des fidèles venus de Thienaba et d’autres localités du pays, à pied, à moto, en voiture, les habitants des villages environnants de Thiouti, dans la zone de Ngoundiane, se sont sortis en masse.
Ils sont venus de Keur Bara, Keur Birane, Keur Khollé, Keur Yaba, Ndiané, Ngomène, Keur Assane Thiakry, etc., faire leurs adieux à celui que beaucoup considèrent ici comme un bienfaiteur.
’’Il était tout pour nous, la seule chose que nous regrettons c’est qu’il n’ait pas passé beaucoup de temps à la tête du califat’’, regrette Djiby Thiaw, de Keur Bara, visiblement attristé.
’’Depuis trois jours, tout le monde est triste’’, renchérit Mbaye Faye, son compagnon.
C’est déjà avec beaucoup nostalgie qu’ils se rappellent la belle cohabitation et la collaboration que ces populations riveraines ont entretenues depuis plus de dix ans avec avec celui qu’elles appellent affectueusement Baye Abdou.
Djibril estime que si leurs villages sont en passe d’être électrifiés, c’est grâce à l’influence du défunt homme de Dieu, qui s’était donné comme sacerdoce de toujours partager avec eux et de ne jamais les laisser en rade.
Aujourd’hui les poteaux électriques sont déjà plantés jusque dans leur village. Ils espèrent que le nouveau khalife mettra son autorité à contribution pour que le projet soit achevé.
Lors de la cérémonie funèbre, le nouveau khalife s’est dit impressionné par le détachement de son prédécesseur par rapport aux choses mondaines, surtout par le fait qu’il n’a pas cherché à avoir des maisons, alors qu’il en avait l’opportunité.
Se disant rassuré par l’allégeance de tous les membres de la famille élargie de Thiénaba, il a noté que les projets laissés par Baye Abdourahim Seck lui tiennent beaucoup à cœur, tout en appelant tout le monde à l’aider à les realiser.
Après son inhumation, son porte-parole Baye Cheikh Seck a loué sa ’’confiance en Dieu’’ à qui il s’en remettait pour toute chose.
Son amour pour Thiouti, il l’a aussi souligné. ’’Chaque fois qu’il venait ici, il devenait quelqu’un d’autre’’, témoigne-t-il. Ce qui l’a amené à demander à y être enterré, si son successeur n’y voyait pas d’inconvénient, selon son fils aîné Ibrahim Seck. Le nouveau khalife a entériné cette dernière volonté.