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PROMOUVOIR LE DEVELOPPEMENT ENDOGENE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES EN MILIEU RURAL

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Un message fort des jeunes et des femmes

Contribution de Mody SOW
Expert Chaines de Valeur Renforcement Organisationnel et Développement Institutionnel

Février 2022

De la déception à la reprise en main des destinées des citoyens
Les élections territoriales du 23 janvier ont révélé une volonté inébranlable des jeunes à contribuer à l’essor économique, social et culturel de leur terroir. L’occasion qui leur a été offerte de confier la gestion de leur collectivité territoriale aux Maires et Présidents de Conseil Départemental de leur choix a produit le résultat escompté. Ces nouveaux élus ont l’obligation de répondre positivement aux attentes pour garder leur légitimité de dirigeant. Le Maire et Président du Conseil Département choisis avec des combinaisons et marchandage d’élus locaux, a cédé la place à ceux choisis par des citoyens conscients de leur intérêt stratégique : la promotion du bonheur pour tous. La distribution publique d’argent des contribuables, l’exposition sans retenu des citoyens récupérant leur vivre en période de pandémie, la fourniture de matériel de cuisine pour les cérémonies, d’équipements sportifs aux jeunes, le financement des lieux de culte, les dons de bœufs, de moutons pour les activités sociales font désormais partie de la traite électorale. L’obligation de bouger les lignes de la précarité en mettant en œuvre des programmes de développement endogène dans tous les secteurs de la vie est désormais la mission assignée au Maire et Président de Conseil Départemental.

L’État central a déjà assumé et continue d’assumer sa part de responsabilité en créant les conditions d’émergence dans les terroirs avec la réalisation d’infrastructures structurantes, le désenclavement interne et externe, la connectivité et la mobilisation de ressources conséquentes. Des citoyens particulièrement les migrants ne sont pas restés en rade. Ils ont mobilisé des ressources pour construire des infrastructures sanitaires et éducatives, développer des AGR, former des jeunes, alléger les travaux domestiques, fournir des intrants de production, assurer la dépense quotidienne pendant les travaux champêtres. Les jeunes restés au pays ont aussi joué leur partition avec les revenus obtenus dans leur quête quotidien de soutien aux familles restées au terroir.

La fin des déperditions des ressources et leur prévarication une forte attente des citoyens.
La presse nationale et locale relaie régulièrement la complainte des autorités administratives chargées de la coordination des politiques publiques quant à l’inefficacité des projets et programmes pour venir à bout de la précarité. La majorité des jeunes déserte les terroirs et emprunte le chemin de l’émigration vers l’Europe. Pendant ce temps des agriculteurs européens et asiatiques débarquent dans leur village pour mettre en valeur les investissements réalisés par l’état du Sénégal pour leur insertion économique. Les marchés déjà assurées, la technicité maitrisée, le climat propice à l’exploitation procurent des rendements horticoles très élevés jusqu à 100 tonnes par ha pour l’oignon. Cette production d’oignon est en parti vendue à l’exportation vers l’europe. Alors que nos producteurs maraichers peinent à atteindre les 25 tonnes ha avec une production de qualité médiocre.

Les ONG et Projets gouvernementaux peinent à insérer durablement les jeunes. L’inexpérience dans les processus d’insertion économique, le manque d’expertises, les recrutements basés sur des critères de non-performance, la surfacturation des marchés, le matériel très sophistiqué et bas de gamme, l’absence d’un accompagnement conséquent expliquent entre autres les contreperformances. Ces dernières ont été des adjuvent explosifs aux événements horribles de mars 2021. Les efforts immenses et variés déployés pour le bonheur des citoyens ont produit des résultats mitigés. La plupart des Maires et des Présidents de Conseil départemental n’ont jamais assumé leur responsabilité. Ils subissent le dictat des projets des sectoriels et des ONG. Ces acteurs liquides sont considérés comme des bienfaiteurs et trouvent toujours des alliances locales pour disposer à leur gré des ressources destinées à la contribution au bonheur des populations. Les autorités administratives organisent des conférences d’harmonisation mais cela ne signifie pas mutualisation de ressources, d’expériences et d’expertises. Les fonds dépensés par les intervenants dans leurs collectivités territoriales sont hors contrôles des bénéficiaires et engendrent des pertes de ressources considérables. Les coûts des investissements réalisés restent méconnus, les procédures de passation et d’attribution de marché sont gérés au niveau central. Cette concentration affecte la qualité des services offerts, contribue à la faillite des entreprises locales, accroit le sous-emploi des jeunes des terroirs.
La récente demande du Président de l’Association des Maires au Chef de L’Etat pour que les travaux des infrastructures scolaires et sanitaires leur soit restitué est un indicateur pertinent de la mise sous tutelle des élus. Aussi, ces infrastructures modélisées par le niveau central sans tenir compte des réalités locales occasionnent des coûts d’entretien et de fonctionnement qui impactent négativement leur durabilité. Dans la région naturelle de Casamance les projets de construction d’infrastructures et d’habitat avec le sable et le ciment détruisent les vallées et privent les femmes de leur moyen de subsistance. A côté de ces manquements des acteurs tournés vers l’innovation ont démontré qu’il est possible de réaliser des performances avec les communautés à condition de leur ouvrir les horizons et de les préparer au partenariat à leur insertion dans un système gagnant d’échange et de marché.

Les conseils des collectivités territoriales disposent en leur sein d’un cadre de concertation et d’harmonisation des interventions que leur confère la loi sur la décentralisation. Ce cadre devra intégrer dans ses missions, le contrôle citoyen de l’action publique. Les intervenants extérieurs ont obligation de partager les objectifs, les stratégies, les résultats attendus et évidemment les ressources allouées. Un contrat d’objectifs et de résultats signé avec le Maire devra être le déclencheur de la mise en œuvre de leurs activités. C’est un avis de non-objection des citoyens qui fait partie des principes de participation, de respects des lois et règlements, de redevabilité, d’équité et justice sociale et territoriale, d’inclusivité qui garantissent la transparence. Le cadre de concertation devra partager à travers les médias locaux et nationaux les résultats des interventions. L’aide à la presse ne suffit pas, les citoyens devraient exiger des Maires, la signature de convention de partenariat pour l’éducation au développement, le partage des résultats positifs et négatifs. La combinaison du positif et du négatif fait avancer le monde en renforçant les capacités de mise en oeuvre par l’innovation.

Le développement endogène une réponse pertinente

La promotion du développement endogène par les élus locaux est possible. La stratégie passe par le renforcement organisationnel des acteurs et la valorisation des ressources locales.

Renforcement organisationnel
L’organisation des populations en société coopérative est le point de départ d’un long processus de renforcement et de changement d’attitudes et de comportement. Chaque Maire devra en priorité soutenir la structuration dans une approche inclusive. Cette organisation des citoyens en Société Coopérative peut se faire autours des investissements productifs susceptible de structurer des chaines de valeur. Chaque adhérent s’acquittera de sa part sociale. Celle-ci peut faire l’objet de discussion au sein du Conseil de la Collectivité pour plus d’inclusivité et d’équité sociale. Au niveau des Directions de Développement Rural (DRD) un dispositif de formalisation est mis en place pour une reconnaissance légale. Ce dispositif reste méconnu de la plupart des Maires et acteurs de développement. Les Sociétés Coopératives auront un rôle prépondérant dans la Zone de Libre Echange Continentale et saisiront les opportunités offertes. La structuration des Sociétés Coopératives nécessite le recrutement de milliers de jeunes pour l’animation et l’accompagnement des initiatives. Le programme 3FPT peut y consacrer en priorité ses ressources en signant des conventions avec les Collectivités territoriales assistés par les universités à travers une contractualisation avec les laboratoires des universités pour disposer d’outils de sciences sociale approprié. Les membres des sociétés coopératives sont aussi des étudiants qui veulent se mettre à niveau avec les résultats de la recherche pour plus d’efficience de leurs initiatives économiques.

Les Sociétés Coopératives structurés autours des investissements susceptibles de développer des chaines de valeur peuvent se regrouper en une Union au niveau départemental pour une gestion de proximité. L’Echelle Régionale n’est pas pertinent et peut faire émerger des intermédiaires qui inhiberont les initiatives. La réappropriation des ressources locales par les citoyens est une condition sine quo none pour booster les indicateurs du développement humain et l’atteinte des objectifs du PSE. La réappropriation des ressources intègre les fonds alloués au développement et dispersés dans les ministères sectoriels.
Après 6 decennis d’indépendance, il est inconcevable que les processus d’acquisition des intrants agricoles, du matériel agricole, du matériel de pêche, du matériel d’élevage, des fournitures scolaires, des produits pharmaceutiques et matériel médical restent sous le contrôle des non ayant droit. L’approvisionnement en matériel, en intrant, la commercialisation devra être de la responsabilité des coopératives pour réduire les déperditions, mettre à terme l’usure des intermédiaires. Cet important travail de requalification des acteurs et de réappropriation des ressources devra être au cœurs des préoccupations des Maires et des Présidents de Conseil départemental. Des grilles d’autonomisation des Sociétes coopératives doivent servir de tableau de bord à ANDS afin de mesurer efficacement les avancées vers le bonheur.Il faut signaler et saluer l’initiative prise par la Direction Générale de la SONACOS qui travaille à recentrer les fonctions au niveau des Sociétés Coopératives. Dans les communes de Lour Escale et Nguent Pathé deux Sociétés coopératives ont noué un partenariat gagnant/gagnant avec la SONACOS. Chaque Coopérative a reçu des semences pour 135 ha et des engrais. Les engrais sont arrivés tardivement à cause de la situation de pandémie. A la fin de la récolte les coopératives a obtenu un financement 113 000 000 Frs Cfa pour la commercialisation des graines. Ce recentrage des fonctions des Coopératives devra faire parti des priorités de Maires.

La valorisation des ressources locales

La reconnaissance de la valeur des ressources locales est une condition sine qua none pour enclencher un processus de développement endogène. La ressource humaine est capitale dans tout processus de génération de valeurs économiques, sociales, culturelles et environnementales. Ces quatre fondamentaux du développement humain sont du ressort exclusif de l’Homme. Les artisans, les femmes, les universitaires peuvent constituer le fer de lance du développement endogène.
Les artisans organisés en Société Coopérative avec l’appui des Maires et Président Conseil Départemental bénéficieront des opportunités de marché dans leur département. Aussi, les pistes de production, les centrales solaires, l’entretien des édifices publiques devraient leur revenir de droit. Chaque Conseil départemental travaillera avec le Haut Conseil des Collectivités territoriales pour trouver des moyens logistiques en signant des contrats d’entretien sur une longue durée

La transformation locale des produits du terroir par les femmes devra être érigé en dogme : les graines d’arachide devraient être transformées au niveau local par les femmes. Ceci est maintenant possible avec l’électrification des villages. La fane transformée en granulée crée de la valeur ajoutée locale, il est en de même la coque. Le riz, la patate douce, le gombo, le lait, la viande, les peaux et cuirs, les fruits constituent autan de matières premières pour générer de la richesse locale, accroitre la productivité et fixer les jeunes au terroir. La production de fibre de coton et de cocotiers dans la zone centre avec des eaux saumâtres des forages contribue à la renaissance de l’artisanat locale. Le village de NDEM est un modèle à explorer pour déceler les énormes possibilités de la renaissance artisanale. Un artisanat local tourné vers la satisfaction des besoins est un puissant levier de développement endogène
Les universités, les ENO doivent intervenir dans des Collectivités territoriales pour diffuser leurs résultats, accompagner les acteurs dans l’amélioration qualitative de leur produit pour plus des résultats efficients et efficaces. La pandémie du COVID a ressurgie l’esprit créatif des sénégalais dans divers secteurs. Dans l’arrondissement de Médina Yéro Foula érigé en département lors du dernier découpage, la collaboration avec des universitaires à contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations avec des résultats remarquables, Des plantes in vitro ont été produits pour améliorer la productivité des banneraies, du matériel agricole notamment le semoir à riz ont été fabriqués à Pata offrant des opportunités de formations de jeunes du village, la revitalisation du sofaniama avec ses externalités positives a transformé la zone en terroir horticole. La culture du piment pendant hivernage est devenue une ressource pour financer les études des jeunes universitaires.
L’expression culturelle des terroirs et les eaux d’irrigation , une opportunité non exploitée pour financer le développement endogène
La culture et les eaux des nappes et cours d’eau constituent des richesses non suffisamment exploités pour le financement des Collectivités territoriales

La culture levier de bonheur
En 1996, l’organisation de journées culturelles dans le village de Hamdallaye Samba MBAYE commune de Khéréwane département de Médina Yéro Foulah à révélé que la dimension culturelle du développement contribue à la création de richesses avec l’éclosion de talents locaux dans les arts plastiques, la musique, le sport. Les journées ont été organisés en partenariat avec des artistes sénégalais et belge de renom. Des jeunes, des femmes et des adultes ont révélé leurs savoir faire longtemps inhibé. Le vieux Moth MBAYE paix à son âme considéré comme un inapte pour la production agricole a étalé son potentiel de créativité dans la production de tableaux. Son œuvre a été acheté à 600 000 Frs Cfa pour 10 jours de travail et d’encadrement technique. Cette somme n’a jamais été produit dans le village par des agriculteurs exploitant plus de 10 ha arachide et mil souna. Cette performance lui a permis de retrouver sa dignité et sa reconnaissance dans le village. Il était adulé et respecté. Il avait maintenant droit à la parole. Il existe des milliers de Moth dans les villages qui peuvent se relever avec l’organisation systématique de journées culturelles par les Présidents de Conseil départemental en partenariat avec le Ministère de la Culture.

La valorisation des eaux de surface et des nappes pour développer les chaines de valeur et financer le budget des Collectivités territoriales

L’Etat du Sénégal à travers l’OFOR a initié une réforme intéressante et salutaire. Cette réforme mal comprise par les populations peut booster les indicateurs de superficie irriguées à l’échelle nationale, accroitre la productivité, éradiquer la transhumance grâce à la production de fourrage irriguée, fixer les jeunes et les femmes, améliorer l’état sanitaire des ménages, améliorer les indicateurs sociaux et environnementaux. En effet, les délégataires des ouvrages hydrauliques ont besoin d’une forte demande en eau pour l’irrigation pour réaliser des investissements complémentaires. Cette demande de superficie irriguée devrait être structurée au niveau de la Collectivité territoriale en relation avec les Sociétés coopératives. Pour éviter les ventes de terrain, et sécuriser le foncier villageois sur de longues périodes. Les affectations devront se faire sous le nom de la Société Coopérative. Celle-ci avec une approche incluse permettra à chaque village de disposer de superficies aménagées exploitées par les sociétaires. L’eau qui est un intrant sera payée d’avance pour couvrir les risques liés aux investissements ( forage, pompage, canalisation, bassins de stockage au niveau des parcelles des producteurs mutualisés). Les côuts de cessions d’eau seront majorés pour permettre à chaque collectivité locale de disposer des ressources endogènes pour les investissements économiques et sociaux. Cet important travail de requalification des jeunes et des femmes sera mené par les animateurs de développement accompagnées par les universités.

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