Les magistrats du Pool judiciaire financier (PJF) sont à la bourre par les temps qui courent. Ils croulent sous le poids des dossiers portant sur les conclusions des rapports de la Cour des comptes et de la Centif. Sans compter les affaires d’escroquerie et d’abus de confiance dont le préjudice est supérieur ou égal à 50 millions de francs CFA, entre autres infractions économiques et financières soumises à cette nouvelle juridiction.
Il s’agit «d’un fourre-tout», s’exclame le magistrat en retraite Ousmane Kane, dans un entretien paru ce mardi dans L’Observateur : «On trouve la grande délinquance financière, les trafiquants de personnes, les trafiquants de drogue. Comment c’est possible qu’un service puisse gérer à l’échelle nationale toutes ces infractions-là ? Ce n’est pas possible.»
L’ancien président de la Cour d’appel de Kaolack parie que le PJF ne tiendra que «quelques mois» avant de «suffoquer» puisque «trop bourrée». «On n’a pas assez de magistrats ni de hauts magistrats spécialisés. Par rapport à l’afflux des dossiers, l’on n’y arrivera pas», prédit Ousmane Kane, qui recommande d’«aérer cette loi».
«Les infractions ordinaires-là, il faut les laisser aux juges ordinaires, poursuit le magistrat retraité. Le parquet financier, le pool financier, ça doit être des magistrats d’élite pour s’occuper des affaires au sommet. Pas de menu fretin. Malheureusement, c’est ça qu’on est en train de voir. Au bout d’un an, il y aura combien de dossiers ? Chaque magistrat aura combien de dossiers ? Et comment va-t-il arriver à traiter ce nombre de dossiers ? La machine va gripper.»
