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Matam: les populations dans la rue

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Le climat était électrique à l’entrée du pont de Diamel, ce jeudi. Les quelques éléments de la police en faction ont eu un mal fou à contenir la foule. Des personnes du 3e âge, des femmes et des jeunes de ce village-quartier de la commune de Matam étaient unis comme un seul homme pour exprimer leur ras-le-bol, face à la lenteur dans le démarrage des travaux de réhabilitation du pont, entre autres doléances.

‘’Cela fait plus de quatre années que nous courrons derrière des autorités pour la construction de ce pont. Elles étaient venues ici ; nous avons filmé à maintes reprises la vétusté du pont. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas de satisfaction’’, fulmine Hamady Cissé Diaw, un des initiateurs de la manifestation.

Ce pont qui relie le village-quartier de Diamel à Matam, chef-lieu de commune, est dans un état de délabrement assez avancé. Les grosses poutrelles subissent laborieusement le poids des âges. D’ailleurs, un arrêté préfectoral interdit le passage aux bus et aux gros-porteurs. Mais cette mesure aurait été bafouée, lors du dernier rassemblement des responsables politiques du département de Matam au stade régional.

‘’Ce qui nous fait mal, c’est que les autorités ne respectent même pas la mesure, parce que, lors du meeting qui s’est tenu, il y a quelques jours, les politiciens avaient loué des bus pour transporter les militants au stade. Tous les bus venant du Dande Mayoo sont passés par ce pont. Et vous-même, vous avez constaté l’état de ce pont ; c’est un danger pour nous. Nous exigeons la construction du pont qui, en réalité, va faire l’affaire de tous les autres villages’’, déclare-t-il.

Abondant dans le même sens, Mansour Boly ajoute que les populations de Diamel ont été bercées de promesses de la part du maire de la commune de Matam. ‘’L’année dernière, le maire était venu ici pour constater l’ampleur des dégâts. Il était même descendu jusqu’en dessous du pont et il nous avait assuré que les travaux allaient être lancés. Il nous a fait des tonnes de promesses. Mais rien n’est fait jusque-là. Aujourd’hui, même le bus qui devait transporter nos élèves du lycée de Matam vers le village, s’arrête à l’entrée du pont pour les laisser faire le reste du trajet à pied. Et nous savons tous qu’il y a des essaims d’abeilles au beau milieu du pont. Ce qui fait que nos enfants sont en danger. Nous aimerions au moins qu’il y ait une dérogation pour permettre au bus de ramener les élèves jusque dans le village’’, lâche-t-il.
Ils menacent de déchirer leurs CNI
Les manifestants le répètent comme un refrain : cela fait quatre années qu’ils attendent que les autorités tiennent leur promesse. Aujourd’hui, leur patience a expiré. Ils donnent juste un délai d’un mois au chef de l’Etat pour démarrer les travaux, sinon ils couperont le cordon ombilical qui les lie au Sénégal.
‘’A dire vrai, on ne se sent pas sénégalais. Depuis des années, nous crions nos doléances, mais l’Etat continue de faire la sourde oreille. Maintenant, nous sommes excédés et nous donnons juste un délai d’un mois au président Macky Sall. S’il ne fait rien, d’ici là, nous allons tous déchirer nos cartes nationales d’identité pour demander la nationalité mauritanienne. Mais avant, nous allons démolir ce pont pour nous couper du Sénégal’’, menace ce sexagénaire qui a passé plus de 40 ans en France.

Outre cette doléance, les Diamelois exigent la construction d’une digue-route pour protéger les populations des inondations, en période hivernale, mais aussi le bitumage de la route Matam – Diamel.

‘’Dans quelques mois, l’hivernage va s’installer et ce sera la catastrophe pour nous. Nous ne pourrons plus nous déplacer, parce que les petites pirogues que vous apercevez sur les eaux ne peuvent assurer la desserte. Nous exigeons la construction immédiate de ce pont et pour cela, nous nous adressons directement au chef de l’Etat Macky Sall. Nous n’avons pas besoin d’intermédiaires. C’est à lui de donner directement l’ordre pour le démarrage des travaux. Nous avons toujours voté pour Macky. Mais, à chaque fois, il demande aux populations du Fouta de patienter. Nous n’en pouvons plus d’attendre. Nous passerons à la vitesse supérieure et nous sommes prêts à mourir, mais nous voulons que ce pont soit réhabilité’’.

Il faut préciser que c’est ce pont qui relie toute la partie appelée Dande Mayoo du département de Matam à la capitale régionale. Et lors des derniers hivernages, le pont avait été submergé par les eaux, obligeant les populations à faire des détours de plus de 200 km pour rallier Matam. Les jours à venir s’annoncent bien orageux dans une région marquée par de récentes manifestations de frustrations.
Enquête

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