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Ma lettre à la jeunesse (Pr Amsatou Sow Sidibé)

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Ma lettre à la jeunesse
Jeunesse de tous les terroirs, aujourd’hui, j’ai choisi de vous envoyer une lettre que je vous demande de garder précieusement, d’en faire votre bréviaire, et de faire en sorte que toutes les générations présentes et futures en fassent leur Charte de bonne conduite.
Cette lettre est un abrégé de ce que je voudrais que notre jeunesse si précieuse retienne pour arpenter les rampes de la réussite.
Chers jeunes, je comprends vos cris de cœur dans un monde de plus en plus hostile. Mais la victoire est au bout de l’effort. Vous avez l’opportunité d’être accompagnés. Je suis là comme je l’ai toujours été depuis plus de quarante (40) ans et comme je compte l’être dans l’avenir.
Quoi de plus normal que de vous demander de toujours cultiver votre sens de la dignité quelles que soient vos préoccupations. La dignité ne se brade pas. Elle se cultive et se préserve. Sans la dignité, notre existence n’a pas de sens.
Dans cette construction humaine, la persévérance, la patience et l’humilité seront vos meilleurs alliés. Soyez véridiques car taire la vérité, c’est fuir ses responsabilités. Respectez vos engagements. Respectez la parole donnée. L’honnêteté intellectuelle est une vertu cardinale.
Il est essentiel de s’approprier trois aspects (3) fondamentaux de la vie. D’abord le savoir c’est-à-dire les connaissances acquises à l’école et que l’on peut chercher à tout âge et au besoin jusque dans les profondeurs du monde. La recherche de la connaissance est une quête permanente. L’éducation doit viser le plein épanouissement de la personne et son sens de la dignité. Cet outil essentiel d’apprentissage et de socialisation doit être préservé par une mise à jour des connaissances et une maitrise des nouvelles connaissances. Il n’y a pas de changements positifs dans la société sans l’école.

L’autre aspect fondamental est le savoir-faire qui n’est rien d’autre que de faire éclore vos talents, votre créativité, votre originalité. Il s’agit de rechercher la beauté, l’efficacité, la qualité et la compétence dans tout ce que l’on entreprend. Le renforcement permanent des capacités est la voie royale pour arriver à un vrai professionnalisme et une déontologie à toute épreuve. Quant à l’esprit critique, il est un atout dans la prise de décision efficace et en toute autonomie.
Cherchez à exceller partout. Il n’y a pas de sot métier. Le Président Leopold Sédar Senghor n’a-t-il pas vendu le Journal ‘’Le Gavroche’’ dans les rues de Paris pour subvenir à ses besoins estudiantins avant d’être Président de la République et ensuite être immortalisé par l’Académie Française ?

Enfin, le savoir-être, que nous traduisons par les valeurs morales, tend à devenir une denrée rare. À l’heure de la déperdition des valeurs par la promotion des contrevaleurs, il est juste et logique de se ressaisir en pensant à la devise de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar : Lux mea lex (La lumière est ma loi).
Je vous demande de cultiver le savoir-être, l’équivalent de l’oxygène chez l’être humain, dans l’ambiance de la responsabilité, de la redevabilité et de l’honnêteté. Il faut également cultiver la tolérance, le dialogue, le respect mutuel et la solidarité.
L’estime de soi doit vous permettre de rejeter le piège de l’aliénation et du mimétisme exacerbé en mettant en avant nos valeurs intrinsèques et en évitant de tomber dans le piège d’un eldorado chimérique matérialisé par la fuite des cerveaux ou par le phénomène plus récent du ‘’Barça’’ ou ‘’Barsàq’’ (Barcelone ou la mort). Joseph Ki Zerbo a raison de dire que : « C’est par son ‘’être’’ que l’Afrique pourra vraiment accéder à l’avoir, à un avoir authentique, différent de l’avoir de l’aumône, de la mendicité. Il s’agit du problème de l’identité et du rôle à jouer dans le monde. Sans identité, nous sommes un objet de l’histoire … ». Sans identité, nous ne sommes pas des acteurs de la géopolitique.

Chère jeunesse, l’État de droit dont on parle tant, c’est avant tout le respect de la règle de droit destinée à régir la conduite des personnes vivant en société. L’enjeu de taille qui se présente à vous est, me semble-t-il, de prendre conscience du rôle important de la règle de droit pour le développement et le progrès. Le non-respect des dispositions légales constitue un frein au développement d’un pays. La règle de droit permet également d’éviter l’anarchie. C’est pourquoi, il faut veiller au respect des institutions et de leur indépendance en particulier la séparation entre les pouvoirs. La préservation de l’indépendance de la justice est un gage de stabilité.
Rappelez-vous que la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples soumet à chaque individu des devoirs envers la famille et la société, envers l’État et les autres collectivités légalement reconnues et envers la communauté internationale. Parallèlement, cette Charte confère à chaque individu des droits et des libertés dont la jouissance s’exerce dans le respect du droit d’autrui, de la sécurité collective, de la morale et de l’intérêt commun.
Soyez des médiateurs face à la récurrence des conflits et des violences.
Refusez la corruption qui gangrène les sociétés. Refusez le comportement d’assisté. Soyez des leaders c’est-à-dire des personnes utiles à leur société.
Le principe de l’équité et de l’égalité doit vous guider dans toutes vos démarches basées sur le respect, la loyauté, la non-discrimination, la célérité et la confidentialité. Quand arrive la solitude de la prise de décision, pensez à votre honneur, à votre dignité, à DIEU et prenez la décision la plus juste possible pour avoir la conscience tranquille, vivre libre et en paix.
En somme, que la conscience, la confiance en soi et l’humanisme restent les maitres mots de votre existence.

Combien êtes-vous, munis des parchemins qui doivent, comme un sésame, vous ouvrir les portes de l’avenir ? Combien êtes-vous, ici et ailleurs, à porter nos espérances et nos rêves de grandeur à accomplir ? Combien êtes-vous, à parcourir mers et déserts, terre et ciel pour récolter les fruits de votre labeur, de votre dur labeur ?
Jeunesse de mon pays, jeunesse d’Afrique, soyez conscients que vous tenez en vos mains le destin d’un grand pays, d’un grand continent, qui a commencé à marcher vers la lumière, celle que vous portez.
Je vous invite à construire un Sénégal radieux, celui dont nous, vos aînés, avons rêvé et nous vous confions nos rêves et nos espérances. Ayez le sens de l’initiative et de l’entreprenariat positif. Soyez des soldats (Baye Fall) dans le travail.
Un peuple n’est riche que de ses ressources humaines, en particulier de sa jeunesse : la moitié de la population du Sénégal a moins de vingt-cinq (25) ans et l’avenir vous appartient. Les jeunes sont une force de changement et de progrès. Vous portez en vous les mille facettes de nos diversités, du Sud, du Nord, de l’Est et de l’Ouest mais vous saurez aussi franchir les frontières pour aller à la rencontre des autres peuples d’Afrique et du monde.
Chère jeunesse, soyez les Ambassadeurs de la paix, de la consolidation de la Nation sénégalaise et de l’Unité Africaine.
À travers les actes que vous posez, nous avons l’espoir que vous allez reconstruire ‘’l’Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales’’, comme l’écrivait le grand poète David Diop.
Chère jeunesse, en vous adressant cette lettre, j’ai choisi de vous dessiner, modestement, un horizon que je vous invite à dépasser.
Vous en avez les moyens.
Vous en avez la capacité intellectuelle.
Marchons ensemble vers la lumière.
Je vous remercie.

Fait à Dakar, le 10 juillet 2021

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