La polémique enfle suite au dernier rebondissement survenu dans l’affaire du double meurtre de Pikine Technopole. Placée sous contrôle judiciaire, Nabou Lèye est sortie de prison après trois mois de détention provisoire. Une information confirmée à Seneweb par l’avocat de la danseuse.
Indignées, les familles des victimes n’ont pas tardé à réagir par le biais de leur avocat, Me Cheikh Khoureyssi Bâ. «Les familles de Aziz BÂ Dabala et Boubacar Gano exigent toute la lumière. Comment Marème alias Nabou Lèye a-t-elle pu jouir de la liberté provisoire dans un dossier sans juge, remis à un intérimaire, non encore ouvert, sans un seul acte de procédure pour le moment», dénonce la robe noire sur sa page Facebook visitée par Seneweb.
L’éclairage d’un spécialiste
Interrogé par L’Observateur, Me Babacar Niang, agrégé des Facultés de droit, récuse également la procédure. «Il faut d’emblée rappeler qu’il y a eu dernièrement un vaste mouvement au sein de la magistrature, analyse-t-il. A ma connaissance, c’est dans ce sillage que le juge qui occupait le cabinet d’instruction n°1 du tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye a été affecté [si je ne m’abuse] au parquet comme procureur délégué au tribunal d’instance. Seulement, le poste est alors resté vacant, puisque le juge titulaire de ce cabinet d’instruction qui a hérité du dossier dit Nabou Lèye, n’a pas été remplacé.»
Il poursuit : «[…]. De manière générale, le juge intérimaire ne prend pas de décisions pour éviter de porter atteinte au bon déroulement de l’enquête qui est dirigée par le juge titulaire qui gère le dossier. Du coup, il ressort que la décision de mise en liberté provisoire a été prise par le juge intérimaire.» Or, objecte le spécialiste, «dans l’absolu, le juge intérimaire ne prend pas de décisions sur des dossiers qu’il ne gère pas, il gère les affaires courantes, les actes d’administration…».
L’avocat au Barreau de Paris d’embrayer : «L’autre chose que je confirme est qu’avant qu’une personne ne soit placée sous contrôle judiciaire et qu’elle puisse bénéficier d’une liberté provisoire, il faudrait qu’elle soit entendue sur le fond. Et pour être entendu sur le fond bien entendu, d’abord on auditionne les parties civiles et ensuite on entend la personne concernée. Mais, il revient au juge titulaire qui mène l’enquête de le faire.»
Me Niang craint le pire car avance-t-il, «mettre en liberté une personne incriminée dans un double homicide qui a soulevé autant de bruit, et des vagues d’indignations encore vivace dans nos mémoires, peut assurément occasionner un trouble à l’ordre public. Ce, en ce sens que c’est un fait de société qui a beaucoup ému la population.» «Dans ces conditions, il aurait fallu, à mon avis, attendre que le juge titulaire puisse se prononcer», suggère l’interlocuteur du journal.