La Banque mondiale vient de publier son rapport sur la dette internationale 2024, et les chiffres concernant le Sénégal interpellent. Avec une dette extérieure culminant à 39,95 milliards de dollars fin 2023, le pays s’impose comme l’un des États africains les plus endettés proportionnellement à ses capacités économiques.
L’analyse comparative révèle une situation alarmante : la dette sénégalaise représente 545% des exportations du pays, un ratio qui pulvérise les moyennes régionales. Cette proportion dépasse largement celle des autres économies majeures du continent : la Côte d’Ivoire (203%), le Ghana (257%), ou encore le Nigeria (163%). Même des pays traditionnellement considérés comme fortement endettés présentent des ratios plus modérés, à l’instar du Maroc avec 180%.
Le poids du service de la dette illustre la gravité de la situation : 37% des recettes d’exportation sont englouties par les remboursements, contre 21% pour la Côte d’Ivoire et 19% pour le Cameroun. Ce fardeau représente 9% du Revenu National Brut (RNB) sénégalais, compromettant sérieusement les capacités d’investissement public dans les secteurs essentiels du développement.
Une dépendance marquée aux créanciers multilatéraux
La structure de l’endettement sénégalais révèle une autre vulnérabilité : la prédominance des créanciers multilatéraux, qui détiennent 50% de la dette. Cette proportion, nettement supérieure à celle observée au Nigeria (33%) ou au Maroc (38%), traduit une forte dépendance aux institutions financières internationales. La Banque mondiale-IDA (23%) et la Banque africaine de développement (10%) figurent en tête des créanciers.
Malgré ces indicateurs préoccupants, le Sénégal continue d’attirer les capitaux. Les flux nets atteignent 10 milliards de dollars en 2023, dont 7,36 milliards de dette nouvelle et 2,64 milliards d’investissements directs étrangers. Ces chiffres, supérieurs à ceux du Nigeria (2,5 milliards) ou du Ghana (0,8 milliard), suggèrent une confiance persistante des investisseurs internationaux.
La situation s’inscrit dans un contexte particulièrement défavorable : hausse globale des taux d’intérêt, ralentissement économique post-Covid, et volatilité des marchés internationaux. La Banque mondiale souligne que ces conditions affectent particulièrement les pays fortement endettés comme le Sénégal.
Un défi crucial pour l’avenir
Cette position de « champion » de la dette pose un défi majeur pour le Sénégal. Le pays doit impérativement augmenter ses capacités d’exportation et diversifier ses sources de financement pour réduire sa vulnérabilité financière. Sans une stratégie efficace de gestion de la dette, le risque d’une spirale d’endettement pourrait compromettre les perspectives de développement du pays.
La comparaison avec d’autres nations africaines montre que le Sénégal a atteint un niveau critique d’endettement qui nécessite des mesures urgentes. Le rapport de la Banque mondiale sonne comme un avertissement : sans correction de trajectoire, le pays pourrait faire face à des difficultés croissantes pour honorer ses engagements financiers.
Ce sombre tableau conforte les nouvelles autorités qui ont accusé le régime de Macky Sall notamment d’avoir plombé les finances du pays.