Le ministre des Forces Armées Sidiki Kaba a assuré samedi à Ziguinchor (sud) que l’Etat est en train de prendre ’’les dispositions idoines’’ pour la prise en compte de tous les orphelins de l’accident du navire ’’Le Joola’’ dans le cadre de la politique des pupilles de la Nation.
’’En ce qui concerne les préoccupations légitimes relatives à la prise en charge des orphelins, l’Etat est en train de prendre les dispositions idoines pour intégrer les autres orphelins dans le cadre des pupilles de la Nation avec notamment une prise en charge correcte dans les domaines sanitaire et scolaire’’, a promis Sidiki Kaba.
Le ministre des Forces armées, à la tête de la délégation officielle du gouvernement, était à Ziguinchor pour les besoins de la commémoration du 18eme anniversaire du naufrage du bateau Le Joola. M. Kaba était accompagné du ministre du Commerce et des PME Aminata Assome Diatta et de son collègue de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop.
La délégation a été accueillie à 9 heures à l’aéroport de Ziguinchor par les autorités administratives et locales.
Elle s’est dirigée ensuite au cimetière de Kantène à la sortie de Ziguinchor sur la route de Mpack (Guinée Bissau) où reposent plusieurs victimes du naufrage survenu le 26 septembre au large de la Gambie, faisant près de 2000 morts.
Les autorités ont procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs avant d’assister à une séance de prières et de recueillements dirigée par l’Imam Ratib de Ziguinchor, Ismaila Haidara, et l’Evêque de Ziguinchor Paul Abel Mbamba.
Le cortège s’est ensuite ébranlé vers le port de Ziguinchor, site symbolique, pour avoir été le lieu d’embarquement du navire, où une foule importante attendait la délégation officielle.
Une gerbe de fleurs a été déposée sur les rives du fleuve Casamance avant l’ouverture d’une longue série d’allocutions.
’’En ce qui concerne les préoccupations légitimes relatives à la prise en charge des orphelins, l’Etat est en train de prendre les dispositions idoines pour intégrer les autres orphelins dans le cadre des pupilles de la Nation avec notamment une prise en charge correcte dans les domaines sanitaire et scolaire’’, a promis Sidiki Kaba.
Auparavant le président de l’Association nationale des familles des victimes Boubacar Ba avait plaidé pour l’intégration des autres orphelins dans la politique de prise en charge.
’’Certains points essentiels mériteraient d’être revisités. Il s’agit des 1280 orphelins laissés en rade par le décret d’application de 2009’’, a déclaré Boubacar Ba avant d’énumérer les autres points de revendication.
Il a notamment cité ’’la prise en charge psychosociale des familles, l’entretien des cimetières, la justice et la vérité sur le naufrage’’.
Suzanne Immaculée Diatta, présidente de l’Association des orphelins du Joola, a insisté sur le renflouement de l’épave du bateau, retenu d’ailleurs comme le thème de ces commémorations.
’’Le renflouement du bateau est un point essentiel pour les orphelins. Nous sommes toujours perdus face à l’immensité de l’océan imaginant nos parents au fond des abysses. L’on se demande tout le temps à quoi ressembleraient nos vies si nos parents étaient encore parmi nous ?’’, s’est-elle interrogée avant de s’écrouler sous le coup de l’émotion.
Le maire de la commune de Ziguinchor Abdoulaye Baldé qui a ouvert le bal des allocutions a insisté sur le traumatisme vécu par la ville de Ziguinchor qui avait enregistré à elle seule un total de 971 victimes sur les 1863 morts officiellement reconnus.
’’Note ville a été frappée de plein fouet, payant le plus lourd tribut. Au-delà, le pays entier a été secoué et des familles entières vivent encore dans le désarroi. Nous plaidons encore pour une meilleure prise en charge des orphelins, ainsi que le renflouement du bateau et l’achèvement du mémorial’’, a dit M. Baldé.
Le bateau « Le Joola » qui assurait la liaison Ziguinchor-Dakar a fait naufrage au large des côtes gambiennes, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002. Le drame a fait 1863 morts et 65 rescapés, selon un bilan officiel.
Suite à ce drame, 600 enfants reconnus pupilles de la nation sont pris en charge par l’Etat, certains descendants des victimes ne sont pas toutefois pris en compte du fait de problèmes administratifs.
Les familles des victimes continuent par ailleurs de réclamer le renflouement du bateau pour faire leur deuil, ce qui inclut la construction d’un « mémorial du Joola ».
Elles réclament de même une meilleure prise en charge psychosociale en raison des graves traumatismes créés par ce drame à propos duquel certains représentants de victimes continuent de réclamer « justice et vérité », pour que les responsabilités soient situées dans cette affaire.
La justice sénégalaise a conclu à la seule responsabilité du commandant de bord, disparu dans le naufrage, ce qui fait que le volet judiciaire de cette affaire a été enterré dès 2003.
Les familles des victimes s’étaient alors tournées vers la justice française, dix-huit Français faisant partie des victimes.
En août 2003, une information judiciaire a été ouverte, en France, pour homicides involontaires.
Mais en 2016, la cour d’appel de Paris a confirmé le non-lieu que la justice française avait rendu en première instance, en 2014.
Aps