Ce mardi 10 octobre, Israël poursuit ses bombardements sur la bande de Gaza de manière intensive, après l’attaque du Hamas samedi dernier. Les autorités israéliennes ont annoncé lundi l’état de siège à Gaza et ont ordonné l’arrêt immédiat de l’approvisionnement en eau et en électricité. Un siège total « interdit » par le droit international humanitaire, comme le rappelle l’ONU. De son côté, le Hamas poursuit ses tirs de roquette. Plus de mille morts sont à dénombrer côté israélien, selon l’ambassade israélienne aux États-Unis.
Dans la nuit, 200 cibles ont été bombardées au sud et dans le centre de Gaza. De nouvelles opérations ont eu lieu dans la matinée de ce mardi 10 octobre. L’armée israélienne lance des raids toutes les 4 heures, a annoncé son porte-parole.
Mais l’artillerie et l’aviation sont également mobilisés, et les témoignages recueillis sur place font état de frappes très fréquentes. Les forces israéliennes affirment viser des sites stratégiques pour les groupes armés de l’enclave palestinienne. Pourtant, l’ONU a également annoncé que 18 bâtiments de l’une de ses agences sur place ont été touchés : huit centres de santé et quatre écoles, précise-t-elle.
« Si les bombes ne nous tuent pas, on va finir par mourir de soif ou de faim », témoigne Hassan, un habitant de Gaza, contacté par notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. « La situation se dégrade d’heure en heure. C’est le quatrième jour d’affilée de bombardements. Les gens ont peur, ils sont terrifiés. Il n’y a pas un seul endroit où se mettre à l’abri ici à Gaza. La nuit dernière, on a été obligé de quitter notre maison, car un immeuble voisin a été ciblé. On est partis. J’ai passé une nuit blanche. Je n’ai pas réussi à dormir. La situation va empirer, on le sait. On commence à manquer d’eau et de nourriture », décrit-il.
« J’en appelle à la sagesse des dirigeants du monde entier : intervenez ! Faites cesser ces massacres. À Gaza, nous sommes comme tous les autres peuples. Nous rêvons de paix et de tranquillité », confie-t-il.
Tirs de roquette par le Hamas
De leurs côtés, les groupes armés palestiniens tirent toujours des roquettes vers le territoire israélien. Les sirènes d’alerte sonnent plusieurs fois par heure dans les localités limitrophes de l’enclave palestinienne.
L’une d’entre elles a explosé près de la ville de Beersheva, à une quarantaine de kilomètres à l’intérieur du territoire israélien. Selon le dernier bilan, l’on compte au moins 1 000 morts, 2 600 blessés et 130 otages côté israélien, 570 morts côté palestinien et plus de 187 500 déplacés dans la bande de Gaza.
1 500 corps de combattants palestiniens retrouvés
En début de matinée, Israël a également annoncé avoir retrouvé environ 1 500 corps de combattants palestiniens sur son territoire. Un chiffre qui donne une idée de l’ampleur de l’attaque lancée samedi par le Hamas.
L’armée a également affirmé avoir « plus ou moins repris le contrôle » de la frontière entre Gaza et Israël. Mais elle prévenait de possibles nouvelles intrusions. En fin de matinée, l’armée a demandé aux habitants de trois localités d’aller se mettre à l’abri, disant craindre une possible infiltration par les airs depuis la bande de Gaza.
Proches des otages israéliens traumatisés
Car depuis samedi, le Hamas a déclaré détenir 130 otages israéliens et menace de les tuer. Une exécution, filmée, pour chaque nouvelle frappe de l’État hébreu à Gaza, avertit le porte-parole du mouvement islamiste, au pouvoir dans l’enclave palestinienne. En Israël, les vidéos de ces enlèvements de civils et de militaires israéliens traumatisent profondément la société.
La terrible vidéo de cette jeune femme, Noa, embarquée de force sur une moto par des membres du Hamas, circule en boucle sur les réseaux sociaux. Son visage terrifié, ses supplications, hantent les Israéliens. Direction Gaza. Son petit ami, Avinatane, est entravé par plusieurs hommes. « Marche ! » lui ordonnent-ils. Lui aussi est pris en otage.
Shoval est une amie du couple. « Vous avez certainement vu la vidéo de leur enlèvement. Noa implore les terroristes qui l’entourent de ne pas la tuer. Ensuite, on aperçoit Avinatane, qui est vraiment un grand gaillard, il mesure deux mètres. C’est tellement dur de le voir prostré, en état de choc », confie-t-elle au micro de Sami Boukhelifa.
Noa et Avinatane étaient au festival de musique techno, organisé dans une localité israélienne limitrophe de Gaza, lorsque l’attaque du Hamas a eu lieu, ce samedi. Après leur enlèvement, Noa apparaît quelques heures plus tard dans une seconde vidéo.
« On voit Noa, assise par terre dans endroit qui semble être une maison, en train de boire de l’eau. Sur ces vidéos, avec Avinatane, ils avaient l’air en bonne santé. Ils n’avaient pas de traces de blessures, pas de sang. Ça nous rassure un peu » poursuit son amie. « Mais nous connaissons bien le Hamas, dit Shoval. Il faut désormais entrer dans Gaza, libérer les otages et anéantir notre ennemi. »
RFI