IMAADE
Une approche de mutualisation de ressources, d’expériences et d’expertises complémentaires pour répondre efficacement aux attentes des jeunes et des femmes.
Une contribution de Mody SOW
Expert en Chaines De Valeur, Développement Institutionnel et Organisationnel
Février 2022
Un environnement attractif et favorable pour répondre aux attentes des jeunes et des femmes
L’État du Sénégal a réalisé des investissements structurants à l’échelle nationale particulièrement dans les zones à fort potentiel de développement économique. Partout émergent des réalisations qui viennent compléter les maillons essentiels pour l’amélioration des conditions de vie des populations : des ouvrages hydrauliques et de franchissement, des pistes de production, de nouvelles routes et autoroutes, des systèmes solaires, des réseaux électriques, un nouvel aéroport répondant aux normes et exigences du monde actuel avec une flotte battant pavillon national, la gare des gros porteurs, le marché d’intérêt national, le port de Ndayanne etc. Ces investissements apportent une réponse appropriée à l’attente des populations. Ils constituent à la fois un socle et un levier pour la matérialisation des objectifs du PSE. Des ressources conséquentes sont mobilisées dans différents ministères et agences pour soutenir des initiatives économiques des jeunes et des femmes. Cependant, ces opportunités de financement restent difficilement mobilisables du fait de leurs dispersions entre des projets sans réelle articulation et sans un centre d’impulsion et de mise en synergie.
Un rappel présent pour l’amélioration de la situation économique des ménages
Les événements de Mars 2021, les résultats des locales dans les centres urbains et en milieu rural constituent un appel pressent des jeunes et des femmes pour une prise en charge plus efficace de leurs attentes. Cet appel légitime mérite des réponses urgentes à travers la réalisation de résultats rapides. Depuis 2000, la forte mobilisation des jeunes pour les joutes électorales est un indicateur de prise de conscience salutaire qui interpelle tous les acteurs particulièrement les décideurs. Les réponses politiques aux interpellations restent inappropriées. Elles accroitront les pressions et peuvent conduire à des situations déplorables.
Des opportunités à saisir pour une réponse économique à l’attente des jeunes.
Il existe des niches de générations de revenus au profit des jeunes et des femmes avec des résultats rapides dans plusieurs lignes de production. Pour des millions de femmes des centres urbains particulièrement dans les communes où la demande est très forte et présente, des unités de production et commercialisation de cailles, de poulets locaux, de beignets et pâtisseries à base de produits locaux, de glaces et confitures peuvent assurer des activités génératrices de revenus. A titre d’exemples :
Une batterie de cailles (500 sujets) peut procurer un revenu mensuel de 200 000 frs. La consommation d’œufs de cailles par les écoliers et les talibés des daara améliore leur état nutritionnel
Pour les femmes et des personnes vivantes avec un handicap, des machines de production de beignet pour un rendement de 1500 unités par heure, des unités d’extraction d’huile, de production de glaces, d’épluchage rapide de pomme de terre peuvent changer rapidement leurs conditions de vie grâce à une modernisation peu couteuse de ces activités qui ne nécessitent pas de qualifications particulières.
L’implantation d’unités de conservation de fruits et légumes, de viande et poissons dans les quartiers urbains participe à un meilleur approvisionnement des marchés en produits de qualité et à des prix abordables. Aussi, ces unités de conservation soulageront-elles les producteurs obligés de brader leur récolte faute d’infrastructures adéquats et une clientèle structurée.
Les espaces verts dans les communes recèlent des opportunités de développement de la filière « rose à couper », de production de plantes de Cordia cordifolia très recherchées au niveau mondial. Le Sénégal pourrait retrouver sa place de producteur et d’exportateur de fleurs à couper grâce à son aéroport équipé et adapté. Tous les programmes de construction des pistes et des routes devraient désormais inclure des activités connexes de plantations d’arbres confiées aux jeunes et aux femmes des zones desservies.
Dans les zones rurales, les activités décrites pour le milieu urbain peuvent aussi être développées. La production de fourrage (neema avec un rendement de 1000 tonnes par ha) autour des milliers de forages et sa transformation en aliment par les éleveurs impacteraient positivement l’activité des producteurs. Aussi, cette plante pousse-t-elle également dans les terres salées. De Rosso Béthio à Richard Toll, il existe des milliers d’hectares de terres non convoitées à proximité de points d’eau. L’exploitation de ces terres pourraient contribuer à l’éradication de la transhumance du bétail. Il en est de même dans le Médina Yéro Foulah où 8000 ha de terres abandonnées peuvent être réorientées à la production de neema grâce aux eaux du Sofaniama.
La transformation de la fane d’arachide en granulé enrichi dans les zones de production est une opportunité pour la création de mini unités de production d’aliment dans les communes. Cette activité nouvelle impactera sur les revenus des agriculteurs et sur l’encombrement urbain accassioné par la fane à l’état.
Dans la zone Sud, la culture de haricot vert dans les vallées par les femmes permettrait au Sénégal de reprendre sa place de premier pays exportateur de haricots vert vers l’Europe. Avec les ponts de la Sénégambie, le pont de Foundiougne, les contraintes de transport sont levées et ces infrastructures doivent impacter sur les vallées de la Casamance et sortir les populations de la situation d’extrême précarité tout en éradiquant le processus de destruction des forêts.
La valorisation des faux troncs de bananiers des plantations du Sénégal Oriental et de la Casamance augmentera le revenu des planteurs, développera l’artisanat avec des milliers d’emplois pour les familles des planteurs.
Le développement de parcelles de production de papaye pour son latex autour des forages de la Casamance impactera positivement sur le niveau de vie des jeunes et des femmes. Le latex de papaye est utilisé en thérapeutique, dans l’industrie du cuir, de la laine et de la soie, en brasserie et dans les industries alimentaires et pharmaceutiques. Les forages réalisés en Casamance ont de très bons débits et sont peu valorisés.
Les activités de production nécessiteront des séances d’animation, d’accompagnement technique et organisationnel pour la durabilité des actions et services offerts. Cet important travail est une opportunité d’insertion des jeunes. Le recrutement par les Sociétés Coopératives de milliers d’animateurs, de techniciens agricoles, d’élevage, de conservation de produits et de gestionnaires de PME participera à la résorption du sous-emploi dans les Collectivités territoriales.
Des START UP innovants vont éclore pour une gestion plus efficace et plus transparente des actions et services offerts.
Un programme d’urgence pour la création d’emploi en faveur des jeunes
La dispersion des ressources au niveau des ministères techniques ne milite pas en faveur de résultats rapides à cause des longues procédures, de la bureaucratie et de l’inexpérience de leur personnel. Pour générer des résultats rapides et répondre à l’attente des jeunes et des femmes les options suivantes peuvent être mises en œuvre :
Organiser les jeunes et les femmes en sociétés coopératives et travailler à leur autonomisation et leur mise en réseau pour que les micro entrepreneurs d’aujourd’hui deviennent des entrepreneurs de demain
Le Gouvernement du Sénégal peut s’inspirer de l’exemple de la première phase du PUDC avec partenariat Gouvernement PNUD confié au Ministère de l’Économie Sociale Solidaire.
Confier à une ou plusieurs entreprises privées comme agence d’exécution la conduite de ces projets
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