C’était dans le pipeline de l’Etat ; c’est maintenant acté ! La bande protectrice de filaos du littoral de Guédiawaye, objet de toutes les convoitises, est officiellement déclassée du domaine des eaux et forêts.
D’une superficie de 150,58 ha, cette forêt classée, ceinturée par la Vdn 3, est déclassée «pour la réalisation de diverses infrastructures et équipements ainsi que la construction de logements», indique le décret n°2021-701 en date du 4 juin 2021, dont Seneweb a reçu copie.
Le plan d’urbanisme de détails (PUD) approuvé et rendu exécutoire par le présent décret, répartit l’espace (150,58 ha) comme suit : «43,92 % de la superficie totale du PUD sont réservés à l’habitat ; 21,01 % de la superficie totale du PUD sont réservés aux voiries et réseaux divers ; 35 % de la superficie totale du PUD sont réservés aux équipements.»
Ainsi, tous les titres concédant des droits d’occupation précaires et révocables sont annulés, renseigne le décret passé sous silence (il n’est pas publié dans le Journal officiel).
L’Ums a déjà bénéficié d’une assiette de 5 ha
Depuis le prolongement de la Vdn, c’est la course effrénée au foncier du littoral de Guédiawaye. Avec la complicité d’agents du Cadastre et de certaines autorités déconcentrées, les mairies concernées (Ndiarème Limamoulaye 15 ha, Golf Sud 3 ha, Sahm Notaire 12 ha et Wakhinane Nimzatt 8 ha) donnent des délibérations à tour de bras dans cette zone où l’Etat a déjà cédé, par décret n°1738 du 11 septembre 2018, une assiette foncière de 5 ha à l’Union des magistrats sénégalais, d’après une enquête réalisée par le journal «Le Quotidien». Ceci, en violation de toutes les normes environnementales en vigueur.
La mer menace
Par cette décision du président de la République, la bande de filaos plantés pour fixer les dunes de sable et lutter contre l’avancée de la mer, va céder la place au béton. Combiné à l’extraction démesurée du sable marin et l’élévation du niveau de la mer, le cocktail est plus qu’explosif. Car la mer avance à grande vitesse et menace toutes les infrastructures érigées à proximité.
Paradoxalement, Macky Sall ne rate jamais une occasion de faire la promotion de la protection de l’environnement. Mais entre les paroles et les actes, il y a un monde !
En effet, lors des Conseils des ministres du 20 juillet et du 30 novembre 2016, le président Sall insistait sur la nécessité de «veiller à la préservation stratégique du littoral national, notamment de la bande des filaos et des cordons dunaires».
«Le président de la République demande également au Premier ministre de lui faire un rapport circonstancié sur la situation foncière et immobilière le long de la bande de filaos, qui fait l’objet d’une grande convoitise, suite à la réalisation de la nouvelle voie de dégagement nord (Vdn)», soutenait-il le 30 novembre 2016.