La Casamance est l’une des régions du Sénégal qui présente les meilleures dispositions naturelles pour le développement agricole. Pourtant, pour (re) dynamiser ce secteur, poumon de l’économie locale, l’Etat, à travers les différents gouvernements qui se sont succédés des indépendances à nos jours a multiplié les programmes et projets dans cette zone. Après plusieurs décennies et cela malgré les efforts consentis, aucune avancée consistante n’est à mettre au crédit de ces différentes interventions. Les populations sont caractérisées par un niveau élevé de pauvreté en zone rurale à cause de l’insuffisance des revenus agricoles avec une insécurité alimentaire causée par la baisse de la production et d’autres contraintes rencontrées par les cultures pluviales. Qu’est ce qui expliquerait l’« échec » de tous ces programmes ?
La Casamance (basse, moyenne et haute) a toujours bénéficié, depuis les indépendances, plusieurs projets et programmes d’encadrement de l’Etat et de ses partenaires pour booster le secteur agricole : la SOMIVAC (Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance) ; le PRS II (Deuxième Projet Rural de Sédhiou),le PIDAC (Projet Intégré de Développement Agricole en Basse Casamance),la MAC (Mission Agricole Chinoise), le PPDC (Projet Pôle de Développement de la Casamance), le PAPSEN (Programme d’Appui au Programme National d’Investissement de l’Agriculture duSénégal), le PRIMOCA, DERBAC (Projet de Développement de la Riziculture de la Basse Casamance)… En lançant ces programmes, l’Etat visait finir avec les goulots d’étranglement au développement afin de permettre la réduction de la pauvreté par la création d’un environnement favorable à l’augmentation des productions agricoles,et donc des revenus des populations rurales.
Par contre, Sur le terrain les résultats ne corroborent pas aux efforts consentis par l’Etat. Ainsi, la nature même de cet encadrement et son efficacité demeurent flous. Aucune solution satisfaisante n’a été trouvée aux problèmes. Ce qui a pour conséquence un manque à gagner important d’où une réorganisation de l’Etat dans sa politique de développement agricole en Casamance s’impose.
Toutefois, les inconvénients pratiques apparaissent à l’usage très supérieurs aux avantages théoriques. C’est pourquoi des encadreurs qui s’y connaissent devraient être privilégiés. Il faudrait qu’ils connaissent bien les techniques de production traditionnelles afin d’être capable de faire preuve d’initiative pour adapter les nouvelles techniques aux différents milieux, ce qui n’est pas le cas actuellement. On a besoin d’un encadrement spécialisé haute technicité, ce qui implique d’améliorer très nettement le niveau de compétence des encadreurs, pour les transformer en conseillers techniques et de gestion. On a enfin besoin de la motoculture.
L’avantage de ce type de matériel est un gain de temps important permettant un gain de productivité du facteur travail. Cependant, le coût d’achat et de fonctionnement est beaucoup trop élevé pour le paysan casamançais.
Les problèmes financiers sont encore pires que dans le cas des motoculteurs
En somme, il est nécessaire, en particulier, d’adapter les thèmes vulgarisés à chaque région, afin de leur donner toutes les mêmes chances de développement, ce qui n’est pas le cas actuellement.Pratiques et techniques culturales n’ont pas fondamentalement été transformées par l’intervention prolongée des programmes et projets de l’Etat. Les résultats, après toutes ces années prouvent à suffisance que les méthodes utilisées n’ont pas été adéquates.
Nicolas Silandibithe BASSENE