La polémique occasionnée par l’achat d’un avion neuf pour les déplacements du président de la République du Sénégal, ne devrait pas être de mise dans une démocratie comme le Sénégal. En effet, le fait de vouloir dissimuler l’information sur la valeur marchande, de l’avion de commandement du président de la République, est un manque de transparence dans l’utilisation des finances publiques.
Le porte-parole du gouvernement, M. Oumar Gueye a osé affirmer devant les Sénégalais que cette information relevait du « secret défense ». C’est à la limite ridicule ! La preuve, le ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo a dévoilé devant les députés le « secret défense » quelques jours seulement après cette intervention « maladroite » du ministre Oumar Gueye.
Faut-il le rappeler, l’accès à l’information est devenu une réalité au Sénégal, depuis belles lurettes. En outre, la transparence dans la gestion des ressources publiques recommandent que les citoyens soient informés sur l’utilisation de leur argent.
Pour l’instant, ces ressources ne sont composées que des recettes fiscales et douanières principalement. Cependant, quand arrivera l’argent du pétrole et du gaz, il sera plus difficile de raconter des contre-vérités ou bien de tenter de cacher aux Sénégalais l’information. En dehors de la presse, et la société civile, le Sénégal a maintenant une opinion publique vigilante et très exigeante. La gestion « sobre vertueuse et transparente » doit être une réalité au quotidien.
Le Sénégal doit avoir un avion de commandement digne de ce nom
Acquérir un avion pour la présidence de la République du Sénégal, est une question de souveraineté et même de sécurité. L’avion n’appartient pas à Macky Sall. Le président de la République a voyagé avec l’avion acheté sous le magistère de son prédécesseur, le président Abdoulaye Wade. Les équipes nationales ont été transportées à plusieurs reprises par l’avion de commandement. Ainsi, posséder un avion de commandement est d’une importance capitale pour un pays. On a souvent vu le dirigeant Bissau guinéen rallier Dakar, afin d’embarquer à bord de l’avion présidentiel du Sénégal pour se rendre à des rendez-vous continentaux ou bien internationaux.
Même si, au nom de la rationalisation des ressources publiques, le choix de se faire transporter ou bien emprunter les vols commerciaux peut constituer une alternative, toutefois temporaire. Si le président de la République ordonne un arrêt dans l’achat des véhicules pour certains agents de l’administration, dans le souci de rationaliser les finances de l’Etat, on peut bien attendre une période plus propice pour l’achat d’un aéronef, lequel coûte des dizaines de milliards de FCFA. Utiliser cette manne financière dans des projets beaucoup plus prioritaires, est une autre orientation dans ce contexte de pandémie actuelle. Maintenant, si on est amené à cacher des informations, sur une dépense qui doit se faire dans les normes, on peut alors se poser des questions. Pourquoi ? Y aurait-il autre chose derrière ?
En tout cas, si les conditions le permettent, il n’y a rien de mal à acheter un avion pour le Sénégal.
Aliou Kane Ndiaye
Source: (challengeseconomiques.com)