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ALLA DIENG: «L’Unaçois Yessal ne soutient aucun candidat…»

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Que ça soit clair au yeux de l’opinion natio-
nale : l’Unaçois Yessal ne soutient aucun can-
didat pour la présidentielle. Le seul candidat
de cette organisation patronale, c’est l’entre-
prise et l’économie du Sénégal. N’importe le-
quel des 5 candidats en lice sera à même de
bien défendre l’entreprise et l’économie du
pays aura la faveur de l’Unaçois Yessal. Selon
le secrétaire général de cette organisation,
Alla Dieng, sa structure reste à l’écoute des
candidats. Mais il tient à dénoncer les en-
chères verbales des hommes politiques. Il est
d’avis que « ces derniers ne peuvent pas brû-
ler ce pays car ils sont une infime minorité ».
Alla Dieng a tout de même affiché son satis-
fécit des réalisations de Macky Sall dans le
domaine des infrastructures et des équipe-
ments de commerce. Tout comme il affiche
aussi son soutien à la Compagnie sucrière sé-
négalaise de même qu’aux performances
agricoles du pays. L’implantation dans notre
pays de grandes marques de distribution
comme Auchan, Carrefour et en attendant
Leclerc ne l’inquiète pas du tout. L’essentiel,
estime-t-il, c’est que ces enseignes fassent la
promotion des produits « made in Sénégal » 
Le Témoin – Vous avez apprécié récemment
la mise en service du pont sénégambien de
Farafenny, le dragage du port de Kaolack,
l’augmentation du nombre de kilomètres
autoroutiers, l’inauguration du marché d’in-
térêt national et la gare des gros porteurs de
Diamniadio. Vous semblez dire que Macky
Sall travaille bien. Alors UNACOIS YEESSAL
soutient-il le candidat Macky Sall ?
Alla DIENG – L’UNACOIS YEESSAL n’est ni avec
Macky Sall, ni contre lui. Dans cette partie du
bilan du Président sortant que vous venez
d’énumérer, il y a lieu d’aller même plus loin.
Macky Sall et son régime ont fait des prouesses
dans la fourniture de l’électricité. En tant qu’ac-
teur économique, j’ai toujours le souvenir des
bruits assourdissants des groupes électrogènes
dans nos marchés. C’était intenable. Les pa-
trons des PME et autres gérants ont souffert. Il
y en a certains qui ne se sont jamais relevés de
cette situation. Tout ça c’est révolu maintenant.
Alors, il faut être aveugle ou de mauvaise foi
pour ne pas constater ce qui a positivement
changé dans notre pays. Cependant, tout n’est
pas rose et ce bilan globalement positif ne peut
nous empêcher de faire entendre des récrimi-
nations, genre promesses non tenues. Par
exemple, pour nous, rien n’est encore fait
concernant les marchés Sandaga, de Ziguin-
chor, la première pierre de ce dernier a été
posée depuis le mois de septembre passé, de
Kaolack et de Diourbel, sans compter la non or-
ganisation des élections des chambres consu-
laires. Nous n’allons pas oublier les réalisations
du PSE avec l’absence d’implication d’une large
frange du secteur privé national, sauf les mas-
todontes qui n’ont reçu que des miettes sous
forme de sous-traitance… Il y a encore beau-
coup de choses à dire concernant le bilan éco-
nomique du président Macky Sall…
L’UNACOIS YEESSAL non seulement ne sou-
tien personne, mais elle est dans les disposi-
tions de recevoir et écouter tous les 5
candidats. Elle peut le faire seule ou de concert
avec les autres acteurs du secteur privé.
Chaque candidat pourra nous faire part de son
ambition pour le monde des affaires. Ce format
avait été adopté et mis en œuvre régulière-
ment, à chaque veille d’élection, par le Forum
civil avec Mame Adama Guèye et le regretté
Mouhamadou Mbodj.
Les autres candidats ont du mérite car ils ont
tous traversé le filtre du parrainage. Pour ce qui
concerne leur parcours, l’un a été ancien Pre-
mier ministre et l’autre ministre d’Etat. Les deux
autres sont certes des novices, mais ils ont des
atouts à faire prévaloir et ne sont donc pas à
sous-estimer.
Dans tous les cas, le candidat de l’UNACOIS
YEESSAL, c’est l’entreprise. Le parti de l’UNA-
COIS YEESSAL, c’est l’économie du Sénégal.
Mais alors quels sont les impacts positifs
de telles infrastructures réalisées par le
président sortant dans l’amélioration glo-
bale des activités économiques du pays ?
Je vous assure que la première réaction po-
sitive nous est venue de Ziguinchor par notre
bureau régional dirigé par Serigne Mandoumbé
Seck concernant la réalisation de ce pont (Ndlr
: de la Sénégambie). Le lendemain de son inau-
guration, nous avions même sorti un commu-
niqué de presse pour nous en féliciter. Le pont
est intégralement sur le territoire de la Gambie,
mais ce sont les Sénégalais qui en profiteront
le plus. Dorénavant, aucune récolte casaman-
çaise ne doit plus pourrir pour raison de trans-
port. Si les prédécesseurs de Macky Sall
l’avaient réussi, il n’y aurait eu moins de chance
qu’une tragédie comme celle du Joola sur-
vienne !
Qu’on me prouve que ce pont, les autres ki-
lomètres d’autoroute n’ont pas d’utilité ! Que
c’est du gâchis ! Personne ne peut le dire.
Pour ce qui concerne le marché d’intérêt na-
tional, nous rendons d’abord hommage à Mon-
sieur Mamadou Lamine Niang. Il a porté ce
projet depuis plus d’un quart de siècle. Heureu-
sement, le Président Macky Sall l’a immortalisé
en lui donnant le nom de ce lieu de commerce
et cela a été une sollicitation de l’UNACOIS
YEESSAL devant le ministre du Commerce lors
d’une visite du chantier.
Vous vous êtes aussi félicités de la bonne
campagne agricole et maraîchère. Pour-
tant, des échos venant du monde rural,
présentent la situation autrement. C’est
comme si vous étiez déconnectés de la
réalité et que vous vous érigiez en défen-
seurs de Macky Sall. Comment on peut
comprendre votre posture ?
Vous allez comprendre. Il y a un mois, nous
avons été à Mbane et dans certaines zones ma-
raichères avec le directeur de l’Horticulture et
celui de l’Agence de Régulation des Marchés.
Nous avons constaté de nos propres yeux que
nos producteurs locaux et SénégIndia parvien-
dront sous peu à l’autosuffisance en produits
maraichers. Ces niveaux de production doivent
être accompagnés par des infrastructures de
stockage et de conservation avant l’exportation
ou la mise en marché en temps opportun. Est-
ce qu’il faut savoir ça et refuser d’en parler ?
Nous n’avons pas cette culture.
Il peut y avoir des problèmes quelque part et
il y en a forcément. Cela, nous le savons comme
vous. Par exemple le besoin en transformation
de produits, le transport et autres facteurs, ces
problèmes existent bel et bien. C’est aux res-
ponsables que le Président a choisis de trouver
des solutions. Les problèmes n’existent que
pour être résolus. D’ailleurs, c’est le sens de
notre éphémère vie sur terre. Cela n’empêche
pas que, quand il y a des aspects positifs palpa-
bles, il faut avoir l’honnêteté de les reconnaitre.
Pour l’arachide, nous avons participé à l’ou-
verture de la 4ème édition de la FIKA à Kaolack
qui est un centre principal de production ara-
chidière. Le Premier ministre, qui a présidé l’ou-
verture de cette foire, n’a pas manqué
d’échanger longuement avec les acteurs du sec-
teur. Et en tous les cas, on n’entend plus parler
de bons impayés. Si vous me parlez maintenant
de la spéculation, sachez que cela fait partie des
règles des marchés comme il y en a à Wall
Street. Ce même si nous ne l’encourageons pas
dans ce secteur vulnérable.
En tant qu’organisation patronale du com-
merce, vous avez condamné la tension
électorale en cours marquée par des ap-
pels à la violence. Quel est le discours que
vous tiendriez à l’endroit des hommes poli-
tiques ? Doivent-ils « brûler » ce pays ?
Ils ne le « brûleront » pas parce qu’ils ne le
pourront jamais. D’ailleurs, ils constituent une
infime minorité. Plus de 90 % des inscrits et
membres du collège électoral ne militent dans
aucun parti politique. Est-ce qu’ils doivent nous
prendre en otages ? Nous condamnons ferme-
ment les discours et actes violents. L’exception
sénégalaise est une réalité même si nous ne de-
vons pas dormir sur nos lauriers.
Touchons du bois, le Sénégal est entouré par
l’Océan Atlantique et une ceinture de feu. Tous
les pays qui nous entourent ont vécu chacun
des moments inoubliables et tragiques. Le Sé-
négal, prions le Seigneur, ne sera jamais affecté
par pareilles situations.
Comme on en avait parlé dans notre rencon-
tre avec vos confrères, tous les leaders d’opi-
nion sont appelés à contribution, pour éviter au
Sénégal des troubles qui affecteront d’abord,
comme il est de coutume, l’économie du pays,
les opérateurs économiques, tous les autres ac-
teurs du secteur privé en général et les inves-
tisseurs étrangers.
Vous demandez aux Khalifes généraux, à
l’Eglise, à la société civile de monter au
créneau pour appeler à un apaisement.
Est-ce que le discours de ces différents seg-
ments de la société pourrait être entendu
selon vous ?
Nous avons nos propres réalités sociocultu-
relles et nous devons en être jaloux. Je me ré-
péterai autant qu’il le faudra. Quoi qu’il puisse
advenir, nous avons des leaders très responsa-
bles et très écoutés. Ils assumeront pleinement
leurs responsabilités et prendront les devants
chaque fois que la situation l’exigera. Nous
sommes persuadés que, le 25 février, les Séné-
galais reprendront le travail comme il se doit
après avoir voté la veille. On en a vu d’autres.
Quelle sera, en définitive, la posture de
l’UNACOIS YEESSAL ? Apparemment, vous
donnez l’impression de soutenir Macky
Sall. Pourquoi allez-vous soutenir le prési-
dent sortant ?
Dois-je encore vous répéter que nous ne
soutenons personne ! L’UNACOIS YEESSAL est
composée de membres qui peuvent militer
dans le parti qu’ils souhaitent ou ne pas mili-
ter dans un quelconque parti. Le jour du scru-
tin, chaque membre de l’UNACOIS YEESSAL
votera pour qui il veut. Cela n’empêche que,
quand vous me demandez de juger le bilan du
mandat actuel, je dois le faire en étant quitte
avec ma conscience. Quoi qu’on puisse dire,
même s’il y a des manquements notés çà et
là, nous avons le courage de dire que Mon-
sieur le Président de la République a fait bou-
ger les lignes.
En évoquant la situation économique,
vous avez soutenu le combat de la CSS en
dénonçant l’autre UNACOIS, vous avez
aussi soutenu AUCHAN et aujourd’hui Car-
refour s’installe. N’êtes-vous pas inquiets
pour le privé national face à ces implanta-
tions de grandes chaines de distribution ?
Si Auchan et Carrefour s’installent en atten-
dant Leclerc, cela veut simplement dire que
notre économie est attrayante. Nous leur de-
mandons surtout de promouvoir les produits «
Made in Sénégal ». Face à cette nouvelle situa-
tion, c’est aux différents acteurs du secteur
privé d’être réactifs en sachant que l’économie
du monde évolue rapidement. L’économie sé-
négalaise d’il y a 30 ans est différente de celle
que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit de s’adap-
ter ou périr. Il faudra faire le choix.
Aujourd’hui, le numérique a bouleversé tout
en s’imposant partout sur notre planète. La
concurrence, ça stimule et un homme d’affaires
doit avoir la capacité de s’adapter sainement à
n’importe quelle situation.
Si c’est spécifiquement pour Auchan, ceux
qui scandaient ce slogan nauséabond sont au-
jourd’hui dans leurs petits souliers. Ils ignorent
totalement les règles du commerce internatio-
nal. Pour les antifrançais, qu’ils sachent que
l’histoire ne peut se refaire. Mieux, la France a
perdu du terrain face à la Chine et la Turquie.
La Russie et l’Inde ont déjà bien manifesté leur
ambition pour le Sénégal
Quant à la CSS, nous répétons qu’il n y a plus
de monopole. Il faut avoir le réalisme de ne pas
comparer un importateur et une industrie qui
emploie 7 000 pères de familles. Nous assu-
mons notre partenariat avec la CSS et nous ne
cessons de rappeler aux dirigeants de cette en-
treprise la nécessité de revoir leur politique de
prix, d’investir davantage dans la qualité et
d’huiler le système de distribution sur tout le
territoire national.
Dans ce grand mouvement, la Douane a mis
en place beaucoup d’innovations pour faci-
liter le commerce. Comment appréciez-vous
cette politique commerciale de la Douane?
Justement, lundi passé, nous avons été invi-
tés par la douane autour d’une rencontre avec
plusieurs experts dont le thème était : « Des
frontières SMART pour des échanges commer-
ciaux fluides et le mouvement sans entrave des
personnes et des marchandises ».
Il s’agissait de parler autour des questions de
sécurité des frontières, de performance à jau-
ger sans oublier les risques et les procédés à au-
tomatiser par les nouvelles technologies. Tout
cela confirme bien ce que nous avons dit tout
à l’heure.
D’après notre compréhension, et nous en
avons parlé lors du panel, ce système ultramo-
derne (Ndlr, les frontières Smart) permet de ga-
gner du temps et de réduire les coûts des
transactions avec plus de sécurité au niveau de
toutes les frontières du pays. Cependant, nous
avons sollicité de la direction de la douane plus
de rencontres et d’échanges avec une commu-
nication adaptée à l’endroit de nos membres
qui sont parmi les principaux acteurs de notre
économie.
Nous avons profité de cette rencontre pour
démontrer que le secteur informel n’existe pas.
Ce qui existe, c’est l’économie informelle.
Puisque, dans n’importe quel secteur d’activité,
il y a une pratique non structurée et une pra-
tique organisée. Ce qui veut dire que l’informel
est une mentalité, donc un comportement. Et
ensuite, pour preuve, le BIT n’utilise plus cette
expression depuis l’an 2000. Ne faudrait-il pas
d’ailleurs demander à Monsieur le président de
la République de modifier l’intitulé du ministère
concerné ? ¨
Propos recueillis
par Abdou Karim DIARRA (le témoin)

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