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Abdoulaye Bathily charge encore Macky: « On ne règle pas des problèmes politiques en se servant de la justice »

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C’est un Abdoulaye Bathily amer et inquiet qui se confie à Jeune Afrique. Le sort de Karim Wade et celui de Khalifa Sall au Sénégal ? « Dans mon pays, c’est la première fois qu’on va faire écarter par la justice des candidats à la présidentielle. » L’ancien dirigeant marxiste reste un homme engagé. La différence Bathily ? Diplômé des universités de Dakar et de Birmingham, en Grande-Bretagne, ce grand
historien échappe depuis longtemps au pré carré franco-africain. Envoyé spécial de l’ONU et de l’Union africaine dans de multiples pays en crise, il possède une expertise unique, qui lui fait prédire la disparition prochaine de la Cour pénale internationale. Rien de moins. De son échec à la présidence de la Commission
de l’UA, en janvier 2017, l’homme de 71 ans a retiré un surcroît de lucidité.

Au Sénégal, la présidentielle aura lieu en février 2019, mais la justice a mis hors-jeu deux figures de
l’opposition, l’ex-ministre Karim Wade et l’ancien maire, Khalifa Sall. Qu’en pensez-vous ?
Comme je vous l’ai dit, il me semble que l’on est en période de sécheresse démocratique. Au Sénégal
comme ailleurs se pose la question du rôle de la justice dans les procès d’opposants, et cela fragilise le
système démocratique.
Iriez-vous jusqu’à dire que la justice sénégalaise est instrumentalisée ?
Cela fait dix-huit mois que je dis que le procès Khalifa Sall est politique. La Cour de justice de la Cedeao a
rendu un jugement qui considère que la procédure n’a pas été équitable. L’État sénégalais, qui est membre
de la Cedeao et a adhéré à la Charte de la Cedeao, doit se soumettre à ce jugement, mais il ne l’a pas fait
jusqu’ici. La Commission des droits de l’homme de l’ONU a abouti pratiquement à la même conclusion. Tout
cela montre bien qu’il y a volonté d’éliminer un adversaire. On ne règle pas des problèmes politiques en se
servant de la justice. Actuellement, lorsque les gens soupçonnés de malversations sont contre vous, ils
tombent sous le coup de la loi. Mais lorsqu’ils sont avec vous, vous les épargnez. À partir de ce moment-là,la justice perd sa crédibilité, et le jugement sa légitimité aux yeux de l’opinion. C’est cela qui amène les
tensions, et demain une ambiance de règlements de comptes qui porte en germe le recul de la démocratie.
Vous diriez la même chose pour Karim Wade ?
Les cas de Karim Wade et de Khalifa Sall sont différents, mais tous deux doivent faire l’objet d’un traitement
équitable. Or d’autres personnes ont été poursuivies par le même tribunal, la Crei [Cour de répression de
l’enrichissement illicite], mais leurs dossiers à eux ont été gelés. Je vais vous dire une chose : voilà cinquante
ans que je participe au combat politique au Sénégal, et c’est la première fois que l’on fait écarter par la justice
des candidats à la présidentielle.

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