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Affaire Ardo Gningue: Plus jamais ça!

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Ce vendredi 29, suite aux dénonciations des actes de tortures commis par la gendarmerie de Tivaouane sur Ardo Gningue, actes relayés par les médias,  le haut commandement de la gendarmerie a produit un communiqué pour dire que de tels faits n’ont pas été signalés par les responsables de la gendarmerie ayant commis ces actes.

Cet acte de communication relève du burlesque et traduit le manque de considération de la hiérarchie face aux plaintes de citoyens intimidés à cause de leur engagement en faveur des populations sur des causes citoyennes, légitimes,  justes. Cet engagement, même s’il oppose aux intérêts des puissances financières et autorités publiques, est conforme à la constitution du Sénégal. Ce n’est ni un délit, ni une offense de s’opposer de manière légale.
Des lors, la gendarmerie, sous la responsabilité du colonel cheikh Sarr, aurait dû veiller à assurer la sécurité de Ardo Gningue, comme elle le doit à tout citoyen dans l’exercice de ses droits, et non chercher à l’intimider en l’arrêtant pour le soumettre à des actes de violence.

Ardo Gningue ne fait pas l’objet d’une quelconque plainte venant de quelque société, communauté ou citoyen. Il ne devait pas être arrêté sans que des faits incontestables soient établis à son endroit. Il n’a commis aucun flagrant délit. Les accusations de la gendarmerie à son endroit ne reposent sur aucun témoin, fait, écrit qui l’incrimine sur un quelconque délit. Non content de ce forfait, la gendarmerie, sans aucune base légale, a voulu lui arracher des aveux en le forçant à faire de fausses déclarations pour justifier son arrestation et pour le déférer devant le juge, afin de le faire condamner et achever ainsi leur entreprise d’apeurement. Ils y sont parvenus en le faisant condamner à un mois avec sursis, alors qu’ils auraient dû le relâcher et présenter des excuses pour l’avoir arrêté et malmené injustement.

Certains auraient fait de cette épreuve traumatisante une leçon pour se taire définitivement, par peur d’être persécutés dans l’indifférence de la population générale et du commandement  de la gendarmerie qui tient avant tout, à protéger ses officiers et son image et non les citoyens dont la protection justifie son existence.
Mais le sens du devoir de s’opposer à de telles pratiques pour y mettre fin définitivement, son courage de confronter ses bourreaux, furent-ils officiers et commandants de sa région; et la lucidité d’Ardo Gningue sur la nécessité d’informer le public de cette dérive de la gendarmerie, l’ont poussé à relayer ces actes dans les médias. Il reste droit dans ses bottes et dans sa lutte pour une citoyenneté engagée, et non intimidé par les actes odieux commis à son endroit.

Ardo Gningue continuera de dénoncer les actes qu’il a subis et n’exclut pas de poursuivre le colonel Cheikh Sarr. Un officier ne devrait pas entacher avec autant de légèreté, l’honneur d’un citoyen qui se bat pour les populations. Sa condamnation n’a pas de raison de subsister.

Le haut commandant de la gendarmerie qui présente ses entretiens dans  les médias comme une tentative de distiller de fausses informations, alors même qu’elle prétend ouvrir une enquête pour l’éclairer, devrait plutôt le remercier d’avoir porté à son attention des délits commis par un officier supérieur, colonel de la gendarmerie de surcroît qui pourrait se retrouver dans une position bien plus élevée dans le commandement et finir de pourrir la gendarmerie par le haut. C’est lui le problème, la source des fausses informations données.

De ce point de vue, les actes commis envers Ardo Gningue devraient plutôt servir de déclencheurs pour nettoyer la gendarmerie de ses sbires qui assimilent leur autorité à un pouvoir d’abus des citoyens pour des raisons de convenance personnelle, de gage de loyauté et obéissance à des personnalités haut placées. Les gendarmes sont tenus par la loi et non par des relations de sujétion et services payants à des sociétés qui ont besoin de leur force pour mater leurs contestataires. Cette méthode, initiée à Ndingler semble se développer maintenant comme un acte de commerce de la force publique au profit des plus offrants.

Nos collectifs restent déterminés à poursuivre la lutte citoyenne, partout au Sénégal, en conformité avec nos droits garantis par la constitution, n’en déplaise aux autorités publiques qui souhaitent le silence absolu sur leurs actes et abus contre les populations rurales.

Le respect que nous vouons aux forces de l’ordre et de la sécurité de notre pays est intact. Mais il ne trouve son sens que dans l’exercice juste et légal de leur mission envers nous tous. Nous attendons d’eux protection avec le même zèle qu’elles sont prêtes à  l’offrir aux autorités publiques, sociétés, politiciens et gens affairistes qui les sollicitent. Nous ne réclamons pas de privilèges ou passe-droit sous le prétexte des luttes que nous soutenons.  Mais, nous exigeons l’application juste et impartiale de la loi, pour tous les citoyens. C’est la société d’égalité et de respect de l’Etat de droit pour laquelle Ardo et nous tous luttons et continuerons de lutter. C’est cette société qui profitera aussi aux enfants des hommes et femmes des forces de l’ordre et sécurité. Que chacun fasse son travail. Nous ferons le nôtre.

Au delà de notre frère et camarade Ardo Gningue, cette affaire pose la question des violences des forces de défense et de sécurité au Sénégal.
Balla Gaye, Fallou Sène, Elimane Touré, Abdoulaye Timera, Seck Ndiaye, Pape Sarr…tous assassinés par des policiers ou des gendarmes. Certains morts après des actes de torture alors que le Sénégal a signé des conventions contre la torture. Tous sont morts sans suite et leurs familles vivant un déni de justice inacceptable en république.

L’affaire Ardo Gningue nous rappelle nos Georges Floyd et Jacob Blake ici au Sénégal.

C’est parce que les violences suivies de morts de Pape Sarr, Abdoulaye Timera, Elimane Touré…sont restées sans coupable, sans sanction qu’aujourd’hui notre camarade Ardo Gningue en est victime et que d’autres citoyens illustres anonymes en sont victimes au quotidien au Sénégal.

Pour tous ceux-là, nous disons PLUS JAMAIS ÇA!

Les collectifs:
Aar li nu bokk
Noo Lank

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