Depuis plusieurs heures, au lieu de voir comment améliorer la situation des détenus au Sénégal, la seule préoccupation de nos élus est : comment le FRAPP a fait pour être au courant de la situation dans les prisons du Camp pénal, de Koutal ?
L’objectif du FRAPP, s’il veut être vraiment digne du qualificatif de « révolutionnaire » qu’il s’est donné, est d’être présent dans tous les 37 prisons du Sénégal, dans tous les postes de police et de gendarmerie, dans tous les camps militaires, casernes de sapeurs-pompiers, toutes les écoles et structures de santé du Sénégal.
En effet, comment transformer structurellement le Sénégal sans connaître le Sénégal c’est-à-dire la réalité que l’on cherche à transformer ? Comment connaître le Sénégal sans être présent dans les 14 régions, les 45 départements, les plus de 500 communes et les plus de 12.000 villages du Sénégal ?
Si cela fait peur à certains que le FRAPP soit présent dans tous les camps militaires et toutes les prisons du Sénégal, je leur conseille donc de mieux traiter prisonniers, militaires, policiers…
Des autorités de ce pays m’ont appelé pour me menacer gentiment. Elles m’ont dit que si je continuais à parler de la situation des prisons, que j’allais être accusé de « diffusion de fausses nouvelles ».
Pour casser la grève de la faim des détenus de Koutal, l’administration pénitentiaire à transférer les grévistes vers les prisons de Fatick, Gossas, Kaolack pour affaiblir le mouvement.
Au camp pénal, entre le 3 juillet et aujourd’hui, on parle d’une dizaine de blessés dont un qui serait fracturé (Birame Ndiaye), les détenus Boubacar Bangoura, Fallou Sène Pakala ont été isolés (une prison dans la prison) et d’autres ont été envoyés à l’infirmerie. Des grenades lacrymogènes ont été lancées par exemple dans la chambre 8.
Les détenus sont des êtres humains qui ont des droits qui doivent être respectés.
La prison est un lieu dangereux au Sénégal. Si on peut mourir comme Elimane Touré au commissariat du port, être torturé comme Pape Sarr l’a été par la police de Thiaroye – juste dans des garde à vue – que peut-il arriver dans les 37 prisons du Sénégal ?
Ce n’est pas de la faute des prisonniers si en janvier 2020 il y avait 4665 détenu.e.s en attente d’être jugés. Ce n’est pas de la faute des prisonniers si au Sénégal nous avons 01 magistrat pour 30000 habitants au lieu de la norme d’un magistrat pour 10.000 habitants. Ce n’est pas de la faute des prisonniers si en 2018, la prison de Reubeuss avait 469 places pour 2279 prisonniers, celle de Thiès 337 places pour 1126 prisonniers, celle du Camp pénal 358 places pour 971 prisonniers…
Pour le FRAPP, les prisonniers sont aussi victimes du détournement des deniers publics. Qui ose penser que chaque jour le président Macky Sall injecte 11.667.000 FCFA dans nos 37 prisons pour les 11.667 détenus ? Pas besoin d’être devin pour savoir où va l’argent des détenus. Ces gens, ils ne privent de rien : ils prennent l’argent des paysans, des femmes en grossesse, des enfants à naître, des enseignants et des étudiants, des malades…
Mais même en dehors de ces 37 prisons, le Sénégal est une prison néocoloniale de laquelle nous devons sortir nous peuple sénégalais. Voilà pourquoi nous édifions le FRAPP, voilà pourquoi nous voulons être dans toutes les communes du Sénégal, nous voulons des sections dans tous les départements et toutes les communes. Mais aussi partout en Afrique et dans la diaspora.
La lutte continue.
Ensemble nous vaincrons.