Ousmane Sonko: un candidat qui fait peur

« Nos Politiciens sont Des criminels. Ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis 2000, si on les regroupe et on les fusille, on ne commettra aucun péché. Excusez-moi, mais ce sont des criminels. Il y a  un énorme potentiel et de réelles capacités dans ce pays. C’est inadmissible de voir un tel niveau de souffrance des populations. » Ces propos tenus par Ousmane Sonko ont conforté tout le mal que certains de ses détracteurs pensent de lui. Pour d’autres, c’est la campagne de diabolisation du leader de Pastef qui continue. Retour sur le parcours d’un sérieux candidat à la présidentielle de 2019.

Jusqu’à un passé très récent, les sorties  les plus redoutées par le régime de Macky Sall étaient celles d’Idrissa Seck. Tout l’Apr se mettait à lui répondre lorsqu’il s’attaquait à leur chef. La nature ayant horreur du vide, Ousmane Sonko lui dispute depuis quelques temps cette place privilégiée.

La victimisation

La trajectoire suivie par Ousmane Sonko est atypique. Le leader de Pastef est resté dans l’anonymat jusqu’au jour où il aurait violé son obligation de réserve. Le président de la République décide de le radier de la fonction publique le 29 aout 2016. Par la force des choses, Sonko entra  dans le cercle très fermé des présumés victimes de Macky Sall.

Ce rôle lui correspondait parfaitement. En quelques mois, l’ancien inspecteur des impôts domaines a pu se faire une place de choix dans la liste des favoris à la présidentielle. Il s’est distingué par sa faculté à poser des débats économiques. La publication d’un livre pour résumer son programme était donc une suite logique. Par ailleurs, il a su s’affirmer. Il n’a pas systématiquement participé aux marches de l’opposition. Ousmane Sonko veut peut être incarné le nouveau type de sénégalais. Quelqu’un qui est à cheval sur les préceptes religieux. Mais aussi, qui se veut sobre. Et qui a le bagage intellectuel pour faire face à n’importe qui dans le camp d’en face.

La diabolisation

Pendant ce temps, ses adversaires peinent à le déstabiliser. Le seul moyen qu’ils ont trouvé pour l’instant pour contrecarrer ses plans est de l’attaquer sur le plan religieux. Le débat sur les convictions religieuses d’Ousmane Sonko n’est pas nouveau. Mais quand Cheikh Yérim Seck s’est permis d’évoquer avec lui cet aspect de sa personnalité, cela pris une autre dimension. Ahmet Khalifa Niasse s’est engouffré dans la brèche pour le qualifier de soldat de Daesh. Ouza Diallo que l’on connaissait plus pondéré redoute lui, dit-il, que s’il élu président, Sonko le prive de Magal. Ses sorties ont toutes quelque chose en commun. Elles sont susceptibles de créer un sentiment de peur envers ceux ou celles qui seraient tentés de voter pour le leader de Pastef.

Représentativité

Pourtant ce dernier  n’a jamais été aussi adulé. Il est l’un des rares leaders politiques à ne pas se faire lyncher sur les réseaux sociaux. Ses vidéos sur youtube enregistrent des  centaines de milliers de vue. Sonko passe bien à la télé. Mais, que pèse t-il vraiment ? Les élections législatives étaient un test grandeur nature pour la coalition dirigée pas Ousmane Sonko. Le docteur Diallo Diop et Omar Faye de Leral Askanwi  ont décidé de lui faire confiance. Au finish, Ndaw Askanwi dont le leader de PASTEF était la tête de file s’en est sorti avec seulement 33 706 voix. Ce qui veut dire que seuls  1,15 % des personnes ayant participé aux élections législatives ont voté pour lui. Si ce n’était pas la méthode de calcul du plus fort reste, il n’aurait même eu droit à son poste d’élu du peuple.

En tant député, Sonko n’a pas chômé. Il n’est distingué par ses positions tranchées. Allant même jusqu’à reprocher à la presse de n’avoir pas bien traité l’information relative au partage des gains entre le Sénégal et la Mauritanie en ce qui concerne les ressources pétrolières qui se trouvent dans leur côte commune. Sa côté de popularité n’a pas chuté pour autant. La preuve, une partie du Mouvement de la réforme pour le développement social a décidé de parrainer sa candidature.