Des dizaines de roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël samedi matin 7 octobre, mettant fin à une trêve globalement respectée depuis la fin d’une guerre de cinq jours en mai. La branche armée du Hamas a annoncé avoir déclenché l’opération « déluge d’Al-Aqsa ». L’armée israélienne a ensuite commencé à mener des frappes aériennes sur la bande de Gaza.
« Nous avons décidé de mettre un terme à tous les crimes de l’occupation » [israélienne, NDLR], et « plus de 5 000 roquettes » ont été tirées depuis ce matin, déclare Mohammad Deif, commandant des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un enregistrement audio diffusé par Al-Aqsa TV, chaîne de télévision du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. « Si vous avez une arme, il est temps de la sortir et de passer à l’action », ordonne-t-il aux Palestiniens.
« Le Hamas a fait une grave erreur ce matin en déclenchant une guerre contre l’État d’Israël », les soldats israéliens « sont en train de combattre l’ennemi à chaque endroit », a déclaré un peu plus tard le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, dans un communiqué. Selon ses services, M. Gallant a approuvé le rappel des réservistes.
Les tirs, au départ de plusieurs endroits de la bande de Gaza, ont commencé avant 6h30 (3h30 TU). En Israël, les sirènes d’alertes ont retenti dans plusieurs villes autour du territoire palestinien, également à Jérusalem, mais aussi plus en profondeur dans le territoire, vers le nord et l’est, selon l’armée.
Infiltration d’ « un nombre indéterminé de terroristes » en territoire israélien
Une roquette est tombée sur la ville de Yavne, au sud de Tel-Aviv, où un homme a été légèrement blessé par des éclats, selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge. Une femme d’une soixantaine d’années a été tuée « par un coup direct », et 15 autres personnes ont été blessées dans le sud d’Israël, a indiqué le Magen David Adom.
Le président du conseil régional regroupant les localités israéliennes frontalières du nord-est de la bande de Gaza a aussi été tué lors d’échanges de tirs: « Le président du conseil régional, Ofir Liebstein, a été tué lors d’un échange de tirs avec des terroristes », a affirmé le président du conseil régional, Shaar Negev, dans un communiqué.
Samedi matin à Jérusalem, toutes les 30 minutes, les sirènes retentissent, suivies de déflagrations des roquettes interceptées dans le ciel par le dôme de fer, dispositif anti-missiles israélien, raconte notre correspondant Sami Boukhelifa. Les autorités appellent la population à rester confinée.
Dans les rues des villes israéliennes limitrophes de Gaza, c’est la panique totale. Depuis leur fenêtre, des habitants ont filmé cette attaque inédite. On a pu voir sur ces images des hommes en armes, en tenue militaire, à pied ou sur un 4×4 blanc, parcourir les rues et tirer à vue. Des vidéos partagées par des journalistes palestiniens témoignent d’un bain de sang avec des civils abattus, des corps qui gisent sur le trottoir.
La cellule de communication de guerre du Hamas a diffusé des images de l’opération. Des bases de l’armée israélienne ont été attaquées. Les soldats ont été surpris en plein sommeil, abattus dans leurs baraquements. Des corps en sang gisent au sol. Certains portent leur gilet pare-balles, mais sont en sous-vêtements. Ils n’ont même pas eu le temps de se vêtir pour riposter.
L’armée israélienne a fait état de l’infiltration d’ « un nombre indéterminé de terroristes » en territoire israélien à partir de la bande de Gaza. « Il a été demandé aux habitants des zones voisines de la bande de Gaza de rester chez eux », a ajouté l’armée. Par ailleurs, des centaines d’habitants du nord-est de la bande de Gaza ont fui leurs maisons après le déclenchement de l’offensive militaire de la branche armée du Hamas. Des hommes, des femmes et des enfants transportant des couvertures et des vivres ont quitté leurs logements pour se diriger plus vers l’intérieur de la bande de Gaza.
Combattants infiltrés « à l’aide de parapentes »
Israël a été surpris en plein Shabbat, jour de repos dans le judaïsme. Ce samedi coïncide également avec la fin de la fête juive de Souccot, et il y a cinquante ans, à un jour près, la guerre de Kippour éclatait un 6 octobre 1973. Israël a déclenché ce samedi l’opération « l’épée de fer ». La réponse sera sévère, disait en fin de matinée un porte-parole de l’armée.
L’armée israélienne a confirmé dans un bref communiqué que plusieurs « dizaines (de ses) avions de combat (étaient) actuellement en train de frapper un certain nombre de cibles » du Hamas sur la bande de Gaza. Les troupes israéliennes sont engagées dans des combats au sol en « plusieurs endroits autour de la bande de Gaza » contre des combattants s’étant infiltrés à « l’aide de parapentes » par la mer et par la terre, selon le porte-parole de l’armée israélienne. « À cet instant précis, nous sommes en train de combattre », a déclaré le lieutenant-colonel Richar Hecht lors d’une conférence de presse en ligne. « Nous sommes en train de nous battre en certains endroits autour de la bande de Gaza (…). Nos forces combattent en ce moment au sol », a-t-il ajouté, indiquant sans plus de détails : « Il y a des blessés, bien sûr. »
Et Israël se barricade. Plusieurs points de passage avec les Territoires palestiniens de Cisjordanie occupée ont été bouclés. L’État hébreu garde également un œil sur le front nord à sa frontière avec le Liban et la Syrie.
En mai, Israël avait lancé une offensive contre le Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza, déclenchant une guerre de cinq jours entre l’armée israélienne, le Jihad islamique et d’autres groupes armés de ce territoire, ayant coûté la vie à 34 Palestiniens et une Israélienne.
Plus d’un millier de roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza vers Israël, pour la plupart interceptées par le système de défense antiaérienne israélien. Israël avait de son côté multiplié les frappes aériennes sur le petit territoire.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, était resté à l’écart de ce conflit.