« Les feux nourris des premières tranchées sont destinés aux voltigeurs de tête » (Général Gaïd Salah, chef d’Etat-major de l’armée d’Algérie)
Les successions de défaites à la présidentielle, aux locales, aux législatives dernières à Ziguinchor et la montée fulgurante du Pastef et alliés ont fini par mettre la région dans l’escarcelle de l’opposition. Face à la nouvelle configuration forcée, en bon chef d’orchestre du BBY, Macky Sall se devait d’agir. Les récentes élévations de Doudou Kâ et de Victorine Anquédiche Ndéye à des ministères d’une importance pas des moindres dans le nouvel attelage gouvernemental sont la suite logique. Le choix porté sur le news duo ne va-t-il pas exacerber les frustrations des membres de BBY ?
Le nouveau gouvernement est placé sur le sceau d’un gouvernement d’attaque. Qui dit gouvernement d’attaque dit avoir en son sein des leaders-combattants prêts à aller au charbon qui pourront l’incarner. A cet effet, Ziguinchor ayant échappé au contrôle de BBY malgré la pléthore de leaders qui, il faut le rappeler, bénéficient pour la majorité de décrets de nomination se doit de rugir. C’est dans ce sillage qu’il faut comprendre d’un côté la nomination de Doudou Kâ. De l’autre côté il fallait primer les vainqueurs. C’est le cas la dame Victorine. Sur ce, la compréhension du choix porté sur ces personnalités s’éclaircit davantage. Cependant pour camper une meilleure appréhension, cherchons à voir qui sont-ils politiquement parlant.
Au de-là de la compétence et du profil force est de reconnaître l’engagement sur tous les fronts du baroudeur Doudou Kâ. Ce leader loin de rester sur les standards classiques a compris qu’il faut un quintal de courage et une tonne de témérité, pour jaillir des rangs serrés, foncer vers les positions d’en face (opposition) et les asperger de grandes offensives incendiaires. Chemin faisant, dans l’âpreté de la bataille politico-médiatique il a joué son destin et a ouvertement et hystériquement lié son sort à celui du Président de la république. Bref, il est cité sur toutes les attaques (physiques et verbales) politiques contre Sonko et alliés. Egalement il faut noter sa participation dans le social (don d’ambulances, parrainages de tournois et autres manifestations socio-culturelles, débauchage de leaders de l’opposition…).
Dans un style différent mais complémentaire Victorine assure et assume comme en atteste ses résultats à l’issu des différents scrutins. Elle a remporté les locales devenant mairesse pour sa première présentation, elle a été l’un des rares leaders à avoir gagner son bureau de vote lors des législatives passées. Sans fards ni fanfreluches, elle renouvelle chaque fois que l’occasion se présente sa fidélité et sa loyauté à l’égard de son Patron Macky Sall. Dans un contexte où les piliers et les pivots de BBY Ziguinchor sont flageolants sont choix semblerait mérité.
Cependant force est de reconnaître que le choix de Doudou Kâ et de Victorine ne transformera pas la scabreuse concurrence interne en une angélique aubaine pour BBY. Il va au contraire exacerber les frustrations internes même si pour des questions d’intérêts personnels les leaders vont cela jouer douce sans exprimer leur désaccord.
Loin s’en faut ce choix a fini aussi par déshabiller l’UCS de Baldé, RSD/Tds, les autres alliés et même dans les rangs de l’APR certains membres. Ceci étant, le message est clair : « désormais les collaborateurs sans envergure ni cran, calmes face à l’orage déchainé de l’opposition ne seront pas primés ».
En résumé, Doudou et Victorine ont incarné une exigence : Un régime, on le défend avec ardeur ou on le quitte avec grandeur. Dans certaines situations comme le zapping de certaines formations politiques aux postes nominatives, la démission est plus glorieuse que le silence, synonyme de complicité passive voire de lâcheté nue.
En définitive, de façon satisfaisante ou non BBY Ziguinchor n’a pas le choix, il faut faire avec ou démissionner ce qui demande et dénote d’un courage politique qu’il nous semblerait difficile de trouver chez les leaders composants BBY Ziguinchor. Vrai soit-il, acceptons que Doudou et Victorine ont forgé leur promotion par leur engagement et leurs résultats tout en ayant la volonté de les crédibiliser, chaque jour.
Nicolas Silandibithe BASSENE