Home ACTUALITÉS « Le Pds ne peut pas être un wagon »

« Le Pds ne peut pas être un wagon »

1017
0

Le Parti démocratique sénégalais (PDS) est prêt à s’allier avec des partis de l’opposition, dans le cadre de la grande coalition en vue pour les élections locales du 23 janvier prochain. Dans cet entretien, le secrétaire national chargé de la mobilisation et membre du Comité directeur du parti de Me Abdoulaye Wade précise que leur formation politique ne jouera pas les seconds rôles dans cette alliance. Assane Ba dévoile également les stratégies que le PDS compte mettre en place pour battre campagne, en cette période de pandémie.  

Alors que les Locales arrivent à grands pas, on ne sent pas trop le Parti démocratique sénégalais (PDS). Où en êtes-vous avec les préparatifs ? 

Depuis très longtemps, pratiquement l’année 2020, notre parti, par le canal du secrétaire général, Me Abdoulaye Wade, avait sorti un communiqué nous demandant de nous préparer pour la bataille des Locales que nous voulons remporter. Nous ne jouerons pas le rôle de figurant ou ne ferons pas de la figuration. Lors des élections de 2014, le Parti démocratique sénégalais avait remporté 117 collectivités territoriales. Nous étions le seul parti à avoir obtenu autant de sièges au niveau de l’opposition. C’est pour dire que le secrétaire général nous a déjà convaincus de travailler à avoir le maximum de collectivités territoriales et, au niveau des structures de base, à mettre en place des comités électoraux. Ensuite, à travailler ardemment avec nos amis des autres forces politiques et citoyennes avec qui nous avons des accords politiques pour des coalitions.

Nous travaillons et avons fini d’envoyer nos mandataires sur l’ensemble des collectivités territoriales au niveau des 14 régions du pays. Nous avons fini de mettre en place tout le dispositif électoral. Notre parti est pratiquement le seul à avoir des représentants dans toutes les commissions administratives d’inscription exceptionnelle sur les listes électorales. Nous venons de terminer un séminaire de quatre jours pour la formation de nos commissaires et superviseurs qui vont jouer un rôle important, dans le cadre de la massification et de la mobilisation du parti, en cette période de veille électorale.

Le PDS, composante du Front de résistance nationale, est en train de travailler dans le cadre d’une opposition élargie, pour avoir un grand pôle de l’opposition avec des accords politiques arrêtés pour gagner le maximum de collectivités territoriales, puisque nous sommes conscients que si nous partons en ordre dispersé, cela ne peut faire que l’affaire du pouvoir. Nous sommes tous en train de travailler pour matérialiser un grand pôle, pour ne pas dire une grande coalition des partis politiques de l’opposition significative.  

Justement, une grande coalition est annoncée par Ousmane Sonko. Peut-on s’attendre à y retrouver le PDS ?  

Cette coalition ne saurait s’apparenter à un chef de l’opposition ou de parti, puisqu’avec nos amis de Pastef, nous nous sommes rencontrés, à plusieurs reprises, au niveau du siège du PDS, pour discuter et échanger. Il en est de même avec les autres formations politiques.

Donc, il ne s’agira pas de dire que la coalition appartient à tel ou tel autre ; ce sera plutôt une coalition de l’opposition, de manière générale. Tous les états-majors politiques sont en train de se parler autour des pôles qui constituent l’essentiel de la classe politique. Le mérite revient à tous les partis qui restent ensemble.  

Donc, le PDS est prêt à y prendre part… 

Absolument ! Le PDS ne peut pas être un wagon, dans cette affaire. Notre parti sera plutôt la locomotive. Nous sommes le parti le plus fort, le seul à disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Par conséquent, le PDS ne peut pas jouer le dernier rôle.  

Vous avez tantôt parlé de 117 collectivités locales en 2014, alors qu’entre-temps, le PDS a perdu certains responsables et pas des moindres…

Il est évident qu’entre-temps, le pouvoir a, comme à son habitude, acheté certains maires. C’est une évidence qu’on ne peut pas nier. Vous savez, la force du Parti démocratique sénégalais demeure surtout la base. C’est-à-dire qu’on peut être maire, ancien ministre ou député, mais si on quitte le parti, on part seul. On n’est suivi par personne. La base est restée intacte. Les conseillers municipaux qui avaient élu ces maires-là, conformément à la loi du Code électoral et du Code des collectivités territoriales, et la quasi-totalité des électeurs sont restés fidèles au Parti démocratique sénégalais.  

Vous avez un baromètre par rapport à cela ? 

Nous venons de finir une tournée nationale dans les 46 départements du pays, sans tambour, ni trompette. Et partout, les citoyens nous ont accueillis avec des effigies du président Abdoulaye Wade, des photos de notre candidat Karim Wade, en scandant ‘’Sopi ! Sopi ! Excusez-nous. Nous nous sommes trompés’’. On met partout en gestation des commissions de regrets, dénommés commission ‘’reuthiou’’ qui essaiment partout, particulièrement dans le département de Mbacké, région de Diourbel.  

Des alliances ont existé, dans le passé, pour venir à bout du régime en place. Elles ont fait long feu, à cause des guerres de positionnement. Est-ce qu’on ne risque pas de revivre le même scénario ?  

Nous avons appris de nos erreurs. Je pense que l’opposition, de manière générale, a appris de ses erreurs. Vous faites allusion aux différentes coalitions qui ont été créées par les forces politiques en 2017, lors des Législatives. Malheureusement, nous étions la seule coalition à disposer d’un groupe parlementaire. Les autres partis politiques devaient normalement être avec nous. Ils ont compris tardivement qu’ils étaient dans l’erreur. Et beaucoup d’entre eux sont venus se retrouver autour du président Wade.

Certains partis ont déjà commencé à faire des rencontres avec les mouvements citoyens. Notre parti a l’habitude de participer à des élections. Nous allons respecter les dispositions du parti. Nous n’avons pas commencé à parler de la campagne électorale, parce que le délai n’est pas encore requis. Nous sommes en train de privilégier les rencontres entre responsables pour le maillage national.  

Ensuite, nous sommes en train de discuter avec nos amis de l’opposition pour arriver à être ensemble, dans la mesure du possible. Et au cas où ce ne serait pas possible, le PDS pourrait aller seul. Mais nous privilégions la concertation, car nous voulons que tous les citoyens puissent participer à ces élections qui sont extrêmement importantes. Elles constituent les premiers paliers pour vaincre le régime de Macky Sall. Les populations en ont marre. Nous vivons aujourd’hui la mal gouvernance, des détournements de deniers publics, les inondations… C’est le premier palier par lequel les citoyens sénégalais doivent prendre toutes leurs responsabilités.  

Ne craignez-vous pas d’exposer vos militants, en ces temps de crise sanitaire ?  

Nous nous prémunissons de tous les gestes barrières et nous profitons des technologies de l’information et de la communication pour communiquer. Autrement dit, on peut faire cette campagne à distance. Et même les rencontres sont limitées, avec le respect de la distanciation sociale. De ce point de vue, nous pensons qu’on peut y arriver. On occupera l’espace médiatique pour faire passer les messages des candidats et des partis. Mais la véritable campagne, c’est la proximité, le lien que l’on a directement avec les citoyens.
La révision des listes électorales suscite déjà beaucoup de remous dans la classe politique, avec notamment la délivrance des certificats de résidence. Avez-vous des preuves concrètes et documentées de vos allégations ? 

Je voudrais vous rappeler que les auditeurs étrangers, qui étaient là récemment pour le fichier électoral, ont rendu compte dans leur rapport qu’il y avait 418 000 électeurs qui étaient déjà inscrits sur les listes électorales hors délais, alors que la loi électorale a des moments d’inscription. Le premier moment correspond à la révision ordinaire sur les listes électorales qui a lieu tous les ans. Et la deuxième possibilité de s’inscrire correspond à la révision exceptionnelle des listes électorales qui se fait à l’occasion ou à la veille d’une élection.

Macky Sall a fini, aujourd’hui, de poser les germes d’une confrontation politique, puisque ces inscriptions hors délais violent délibérément le Code électoral. Le gouvernement doit faire en sorte que tous les citoyens en âge de voter puissent obtenir leur pièce d’identité et leur carte d’électeur. Avant Macky Sall, ces citoyens produisaient leur extrait de naissance et certificat de résidence pour s’inscrire, et à la fin de la révision, on enrôlait leur carte d’électeur accompagnée de leur carte d’identité. Cela n’a jamais été un problème. Lui a changé le système pour exiger la carte d’identité. Or, tout le monde sait que la Daf n’est pas tellement rapide.

Sur toutes ces questions, l’opposition est en train de se battre et, sous peu, vous verrez qu’elle va prendre ses responsabilités.  
Vous parliez tout à l’heure de la fidélité de la base au PDS. Au même moment, plusieurs de vos anciens alliés, dont Mamadou Diop ‘’Decroix’’, semblent avoir pris leurs distances avec le Parti démocratique sénégalais. Est-ce que le PDS ne se sent pas trop seul ? 

Nous ne pouvons pas être trop seuls et même si cela devait être le cas, cela ne générait pas le PDS. Le programme fondamental de notre parti a inscrit, dans son cinquième article, le Front national qui n’est rien d’autre qu’un regroupement d’entités citoyennes et politiques qui ne sont pas forcément membres du PDS. Pendant tout le temps que le président Abdoulaye Wade a géré le pays, il ne l’a pas fait seul. Nous avons géré le pays avec d’autres forces politiques qui n’étaient pas du Parti démocratique sénégalais. Aujourd’hui, personne n’est loin de nous. Je viens de vous démontrer que nous sommes la première force politique du Sénégal, particulièrement de l’opposition. Nous sommes un centre de gravité. Personne ne peut être distant de nous et nous avons d’excellentes relations avec nos amis de l’opposition, nous travaillons avec eux, nous discutons, nous nous concertons et je crois que nous avons appris des erreurs du passé et que ces histoires sont derrière nous.  

Quelles sont les nouvelles de Karim Wade ? A quand peut-on attendre son retour ?

Karim Wade se porte à merveille. On se parle de temps en temps. Il a beaucoup de nostalgie pour le pays. Il fait des déclarations. Nous nous concertons sur certaines questions. Il envoie des délégations à travers le pays pour présenter des condoléances. Donc, il est au courant de tout ce qui se passe au Sénégal. Il participe dans tout ce que nous sommes en train de faire.

Son retour, nous le dirons le moment opportun. C’est au Parti démocratique sénégalais de voir la période adéquate pour nous et pour lui. En ce moment-là, vous serez informés.  

Source: enquête

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here