Neuf tirailleurs sénégalais, âgés de 85 à 96 ans et ayant combattu pour la France, se sont envolés vendredi pour un retour définitif au Sénégal grâce à une aide de la France et après une bataille administrative pour faire reconnaître leurs « sacrifices ».
Ces vétérans ont combattu pour l’armée française principalement dans les guerres d’Indochine et d’Algérie, et pour certains ont été déployés au Cameroun et en Mauritanie.
C’est la fin d’un long parcours du combattant et d’années de bataille avec l’administration française pour que ces tirailleurs ne soient plus obligés de passer au moins six mois par an en France, dans un foyer, loin des leurs, pour avoir droit à leur pension.
« Je suis très content de rentrer au Sénégal; c’était dur pour nos proches de faire la navette et pour notre âge aussi… », a dit à l’AFP N’Dongo Dieng, 87 ans, portant ses nombreuses médailles militaires sur une longue tunique moutarde.
Dans une atmosphère recueillie mais chaleureuse, les vétérans, se déplaçant très difficilement pour certains et leurs visages émaciés marqués par l’émotion, ont eu la visite dans un pavillon de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle de la secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire Patricia Mirallès.
« Il me semblait important d’aller aujourd’hui jusqu’au bout de cette histoire douloureuse, mais qui est aussi belle par l’engagement qu’ils ont eu et par leur amour de la France », a déclaré Mme Mirallès aux journalistes présents.
Ces tirailleurs ont embarqué vers 12h00 locales (10h00 GMT) sur un vol Air Sénégal qui doit atterrir dans l’après-midi à Dakar, où il est prévu qu’ils soient accueillis par le ministre sénégalais des Forces armées Sidiki Kaba. D’autres cérémonies d' »accueil républicain » sont également prévues.
Ces « anciens » retourneront ensuite dans leurs régions respectives retrouver leurs familles.
Ce retour a été rendu possible grâce à une mesure dérogatoire décidée début 2023 par le gouvernement français, qui leur permet de vivre en permanence dans leur pays d’origine, sans perdre leur allocation minimum vieillesse de 950 euros par mois.
Une aide exceptionnelle de l’Etat finance leur déménagement, leur vol retour et leur réinstallation.
« Une victoire tant attendue et méritée pour ces messieurs âgés qui ont tout donné pour la France et qui n’aspirent qu’à une seule chose: une fin de vie digne auprès de leurs familles », explique dans un communiqué l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais.
Le corps français des « Tirailleurs sénégalais », créé sous le Second Empire (1852-1870) et dissous dans les années 1960, rassemblait des militaires des anciennes colonies d’Afrique. Le terme a fini par désigner l’ensemble des soldats d’Afrique qui se battaient sous le drapeau français. Ils ont participé aux deux Guerres mondiales et aux guerres de décolonisation.