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𝗦𝘂𝗶𝗰𝗶𝗱𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗘𝘁𝘂𝗱𝗶𝗮𝗻𝘁 de l’𝗨𝗚𝗕 𝗠𝗮𝘁𝗮𝗿 𝗗𝗶𝗮𝗴𝗻𝗲, 𝗦𝗶𝗱𝘆 𝗚𝗮𝘆𝗲 𝘀𝗼𝗰𝗶𝗼-𝗮𝗻𝘁𝗵𝗿𝗼𝗽𝗼𝗹𝗼𝗴𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 à 𝗹’𝗨𝗖𝗔𝗗 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁𝗲 𝗱𝘂 𝗱𝗼𝗶𝗴𝘁 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗰𝗶é𝘁é 𝘀é𝗻é𝗴𝗮𝗹𝗮𝗶𝘀𝗲…

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Au Sénégal, le malheur en est qu’il attende de voir un phénomène social, un cas de suicide pour que les gens en débattent et jamais de prendre en amont des solutions ou mécanismes d’assistance et de prévention contre ces phénomènes humains…

Le texte d’adieu de l’étudiant Matar Diagne qui s’est suicidé à l’UGB nous interpelle en tant que Sociologue de formation…  » J’ai décidé de mourir dans la dignité plutôt que de vivre dans le déshonneur.  » Cette citation est pleine de messages à décrypter sur le plan psychologique, politique, socio-éducatif et économique.

Aujourd’hui de nombreuses personnes sont ou seront des MATAR DIAGNE si et seulement des initiatives et mécanismes sociaux d’aide et de soutien psychologique et sociologique ne sont pas mis en place par l’Etat. Le cas Matar Diagne évoque aujour’dhui l’urgence de doter des moyens aux centres sociaux, de soutenir les travailleurs sociaux, les psychologues et sociologues pour mieux analyser et diagnostiquer les phénomènes sociaux et psychiques qui poussent certains à la solitude, au désespoir, au suicide, à la rancune…

Au Sénégal, les cas de suicide persistent de jour en jour et cela peut s’expliquer par des facteurs d’ordre:
– Socio-économiques: manque d’emploi et de moyens, la précarité, les conditions de vie difficiles, le désespoir, le sentiment d’inutilité envers sa famille…

– Socio-culturels: La lourde charge qui pèse sur les épaules, la pression sociale et familiale, le délaissement, la solitude, l’abandon par ses pairs, la non intégration, la non considération par la famille, la société à cause de l’économie…

– Psychologiques: Les troubles psychiques, l’isolement, l’anxiété sociale, la dépression…

-Plan éducatif, l’université a démissionné de son rôle d’éducateur, d’observateur, de soutien psychologique et sanitaire des étudiants se trouvant dans des situations très douloureuses… Est ce que réellement nos universités disposent des centres médicaux et d’assistance psychologique pour des milliers d’étudiants qui viennent d’horizons différents et n’ont même pas la même culture?

Sociologiquement, nous pouvons analyser le suicide de l’étudiant Matar Diagne comme une réponse à la diminution de charge sociale envers sa famille vue que sa mère est gravement malade, les critiques négatives envers sa solitude sans comprendre le pourquoi, son éloignement des autres du au manque de confiance afin de confesser sa situation sanitaire et sociale.

De nombreux cas de suicide dans le monde proviennent dans ces genres de situation où l’auteur montrait depuis le début des signes ou comportements qui peuvent lui pousser à s’isoler du monde qui l’entoure qu’il ne désire plus, qu’il n’a plus confiance, de recourir parfois au suicide comme l’unique réponse à ses souffrances. Personne ne dira que l’étudiant Matar Diagne est un fou ou quelqu’un qui a des troubles mentaux pourvu qu’il a publié même un roman : La fuite des indésirables à la maison d’édition Harmattan Sénégal.

Sa situation, ce qu’il a enduré depuis des années, les critiques négatives envers sa personnalité, la perte de confiance envers cette société qui l’a poussée à s’isoler, la lourde charge qu’il peut causer à sa famille en voyant aussi la grave maladie de sa mère… autant d’explications qui peuvent pousser ce jeune intellectuel étudiant à la suicide.

Il y a des milliers de MATAR DIAGNE qui sont au Sénégal, oubliés, abandonnés, inconsidérés par leur société, leur famille… qui préfèrent même s’isoler ou même recourir au suicide afin de se libérer du joug colonialiste de notre société sénégalaise qui est une société de pression, d’abandon, d’inconsidération quand on ne détient pas de moyens, quand on est pauvre ou malade…

Il urge aujourd’hui de faire une relecture des perspectives de nos agences sociales, de les accompagner pour qu’ils fassent plus d’efforts à recueillir les patients en état d’anxiété, de dépression et de solitude, d’assister et de suivre sur le plan sanitaire et psychologique certaines personnes en perte d’espoir qui s’isolent et préfèrent même quitter ce monde d’ici bas à cause des situations, des problèmes sociaux internes…

Que le ministère de la santé et de l’action sociale soit plus orienté vers l’humain, la santé mentale des citoyens, leur assistance et suivi psychologique car construire et inaugurer des infrastructures sanitaires c’est bien mais essayer de construire et d’assister l’humain, le patient sur le plan sociologique, psychologique, c’est mieux.

Que les universités sénégalaises mettent en place des mécanismes psychologues de suivi et d’assistance des étudiants qui sont souvent confrontés à des problèmes de pression sociale, des troubles psychiques comme la solitude, l’anxiété…

Repose en Paix camarade Matar Diagne, ta mort nous plonge dans un état inquiétant, dans un vide…

Sidy Gaye Socio anthropologue de formation, Enseignant, militant Panafricain.

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